Mot de la bâtonnière – Me Caroline Larouche
Chères consœurs,
Chers confrères,
Cela fait maintenant plus d’un mois que j’ai le privilège d’occuper les fonctions de bâtonnière de Montréal. Je tiens à réitérer ma sincère gratitude et reconnaissance envers la confiance que vous m’accordez. Étant fièrement la toute première procureure de la couronne à assumer ce rôle dans l’histoire de la section, j’ai choisi de dédier mon mandat au service de la justice. C’est en effet ce thème qui guidera mes actions et celles de la permanence pour la prochaine année.
En cette année historique, celle de nos 175 ans, je suis particulièrement inspirée par l’héritage que nous ont laissé nos prédécesseurs. Notre histoire, elle est riche. Que ce soit par les luttes menées, les défis relevés, les juristes d’exception ayant occupé les fonctions de bâtonnier ou encore par le dévouement perpétuel de nos membres, nous pouvons tous être fiers d’œuvrer à Montréal. À titre de membre de la communauté juridique, nos actions et notre engagement définiront l’histoire de demain.
Pour moi, agir au service de la justice se définit surtout par le fait de placer les justiciables et les différents intervenants du système au cœur de mes actions. Alors que la confiance du public envers nos institutions et l’administration de la justice est plus fragile que jamais, il est de notre devoir collectif de déployer tous les efforts pour la protéger.
C’est avec ce souci que j’entends poursuivre le travail accompli par le bâtonnier Ettedgui, mais aussi déployer de nouvelles initiatives pour le meilleur intérêt de la justice. Plus précisément, je me permets de vous présenter les enjeux et les projets centraux de mon bâtonnat.
Premièrement, la pratique illégale. Nous poursuivrons définitivement le travail de sensibilisation en droit de l’immigration auprès des communautés plus vulnérables. Animée par un fort désir d’aller encore plus à la rencontre du justiciable et démocratiser le système de justice et ses services, je veillerai, avec la grande collaboration de la permanence, au déploiement de la nouvelle mouture du Salon VISEZ DROIT. Je tiens également à valoriser le travail des avocats et des intervenants de première ligne de la communauté juridique, qui se dévouent quotidiennement pour les justiciables. Finalement, j’ai à cœur de poursuivre la mise à l’avant des célébrations entourant le 175e anniversaire de la section. Alors que nous avons tenu trois journées de festivités il y a quelques semaines, je vous invite à rester à l’affût alors que d’autres surprises vous seront dévoilées prochainement.
D’autres dossiers s’ajouteront assurément à ces grands chantiers en cours de route, dont la finalisation des travaux en matière de gouvernance et le début de l’élaboration de notre nouvelle planification stratégique.
En terminant, je nous encourage à être conscient de notre rôle, à être engagés dans notre communauté et d’agir, tous ensemble, au service de la justice.
Sincèrement,
Caroline Larouche
Bâtonnière de Montréal
Mot de la bâtonnière
Chères et chers membres,
Voici déjà venu le temps de vous dire au revoir. L’année a filé si vite, probablement grâce aux quelque 170 rencontres et activités de tout genre auxquelles j’ai participé. J’ai adoré chacun des moments de cette dernière année. C’est donc avec un mélange de fierté et de mélancolie que je vous écris aujourd’hui pour souligner la fin de mon bâtonnat. Je me sens privilégiée d’avoir occupé le poste de Bâtonnière. Je tiens à remercier l’ensemble de mes confrères et consœurs pour la confiance qu’ils m’ont accordée.
L’année a été riche en événements et en expériences inoubliables. J’ai eu l’occasion de sortir de ma zone de confort, parfois de prendre des risques, de prendre des décisions plus difficiles, et, je l’espère, de grandir, tant comme personne que comme avocate. J’ai également eu l’opportunité de rencontrer des personnes exceptionnelles, des avocats de toutes les spécialités, des juges, des élus, des bénévoles dévoués et engagés. Encore une fois, j’ai été émerveillée par la richesse de notre profession ainsi que par l’engagement et la passion de celles et ceux qui la composent.
Je serais restée plus longtemps pour continuer les projets, mais je pars heureuse – heureuse du travail accompli. Au début de mon mandat, j’ai choisi le thème « Bâtissons l’avenir », soit une invitation à regarder vers l’avenir avec optimisme et à bâtir sur nos valeurs organisationnelles : la diversité, le leadership et l’excellence. À l’image de mon thème, j’ai réellement eu l’impression que c’est ce que nous avons fait chaque jour. Cela impliquait d’investir dans des projets innovants et durables pour répondre à la planification stratégique débutée en 2022.
Et puisque le temps est venu de tourner la page, il est également le temps de vous souligner quelques points saillants de mon mandat.
Mise en vigueur de la planification stratégique
Cette année a été celle de l’amorce de la transformation de la gouvernance. Auparavant, nous avions peaufiné notre planification; cette année, le train s’est mis en marche.
Délaissant nos vieilles façons de faire, nous sommes entrés dans l’ère 2.0 par la création de comités statutaires, soit un comité des ressources humaines et un comité des finances et de l’audit, qui se sont ajoutés aux comités de gouvernance et de positionnement déjà en place. Cela a entre autres permis de continuer à actualiser nos façons de faire. Chaque membre du conseil d’administration a été invité à siéger sur un de ces comités et chaque comité s’est adjoint un avocat externe, spécialisé dans le mandat du comité.
Les comités du Conseil ont travaillé avec ardeur. Cela a permis de revoir et de créer de nombreuses politiques, mais aussi de créer un Profil de compétence de bâtonnier et une matrice de compétence des administrateurs.
Aussi, nous nous étions donné comme mandat de développer et d’adopter une politique de positionnement publique, justifiée par les missions du Barreau de Montréal, notamment la protection du public et de ses membres, ainsi que la volonté de peser dans l’administration et dans l’accès à la justice sur l’île de Montréal. Nous souhaitions renforcer notre position de leader dans la communauté et exprimer haut et fort le point de vue montréalais en défendant les valeurs qui nous unissent et qui nous sont chères. C’est dans cet esprit que le Conseil a travaillé à la mise à jour de sa politique visant à encadrer les interventions du Barreau de Montréal. D’ailleurs, un nouveau pas a été fait dans cette direction en mai dernier, alors que nous exprimions dans la sphère médiatique nos préoccupations quant au projet de loi 96 et ses impacts sur l’accessibilité à la justice. Je peux affirmer aujourd’hui que, bien qu’il ne soit pas clos, ce dossier est sur la bonne voie pour asseoir solidement les bases de notre visibilité et faire connaître notre point de vue, lorsque cela s’avère nécessaire pour les Montréalais.
Finalement, l’introduction de rencontres régulières avec le Barreau du Québec a permis de mieux connaître et comprendre les enjeux rencontrés de part et d’autre.
Grands entretiens
Les nouveaux Grands entretiens de la bâtonnière, que je souhaite pérennes, ont consisté en une série de discussions sous forme de dîners-entrevue avec des avocates et des juges. Réfléchis avec cœur et ambition, ces grands entretiens ont été l’occasion de donner la parole à de grandes dames qui, par leur parcours et par leur vision, ont façonné à leur manière l’écosystème judiciaire montréalais.
J’ai eu le bonheur d’interviewer Me Véronique Hivon, Me Patricia Gauthier, les honorables juges Manon Savard et Marie-Anne Paquette ainsi que la bâtonnière du Québec, Me Catherine Claveau.
Je suis heureuse d’avoir pu mettre en lumière le parcours, les idées et les idéaux de ces femmes. Je souhaite que ceux qui y ont assisté se soient laissé inspirer et qu’ils retiennent l’importance de la persévérance, de la curiosité intellectuelle, du travail d’équipe, de la confiance en soi et de la résilience.
La pratique illégale du droit, un sujet qui demeure d’actualité
Il entre également dans la mission du Barreau du Montréal de prendre les mesures nécessaires pour que les non-avocats ne posent pas d’actes réservés aux avocats. Le Barreau de Montréal tire une grande fierté du travail effectué en ce sens. Afin de mieux s’acquitter de sa tâche, le Barreau a créé un poste d’enquêteur. En plus des enquêtes, cette avocate a le mandat d’identifier des pistes de solutions pour prévenir et réprimer l’exercice illégal et l’usurpation du titre, tel qu’opter pour des alternatives novatrices à la judiciarisation et aller à la rencontre du public et des communautés vulnérables pour mieux les informer et les sensibiliser.
Service d’avocats de garde (SAGE)
J’ai donné le mandat qu’on voit à la réouverture du SAGE, dont l’objectif premier est d’aider les justiciables qui se représentent eux-mêmes en matière familiale. Le recrutement des bénévoles est en cours et les retours sont très positifs. L’engouement créé par l’annonce de la réouverture de ce service au public dans les semaines à venir, aussi bien du côté des avocats que de la magistrature, est palpable et confirme sa nécessité. Les premières journées de soutien au public auront lieu dans les toutes prochaines semaines.
Remise de prix
Médaille du Barreau de Montréal
J’ai eu l’honneur de remettre la Médaille du Barreau de Montréal à l’honorable juge Richard Wagner lors de la Rentrée judiciaire. Et, c’est avec un immense plaisir que, lors de l’assemblée générale, je remettrai le Prix Pierre-Fournier à Me Joey Hanna, bénévole impliqué et qui est devenu au fil des ans, un incontournable de l’animation de la Rentrée des tribunaux au Salon VISEZ DROIT. Ce sera mon tout dernier geste à titre de Bâtonnière.
Remerciements
Je tiens à remercier toutes les employées de la permanence du Barreau de Montréal. Sans vous, aucun des projets n’aurait pu voir le jour. Merci d’être si passionnées et dévouées. Notre réussite est aussi la vôtre. S’il vous plaît, gardez-moi une place près de votre cœur. Je serais heureuse de continuer à travailler avec vous.
Je tiens à remercier chaque membre du Conseil du Barreau de Montréal ainsi que nos membres externes pour le travail accompli dans chacun des comités. Je suis fière de la façon dont nous avons travaillé ensemble. Merci à David Ettedgui d’avoir été mon bras droit tout au long de l’année.
Allez, je vous dis au revoir ! On a fait du bon boulot ensemble ! À partir du 10 mai, ce sera David qui tiendra le bâton !
Julie Mousseau
Bâtonnière de Montréal
Mot de la bâtonnière
Il est vrai qu’au courant de la dernière année, les occasions de revêtir ma toge se sont faites moins nombreuses puisque je ne plaide presque plus. Cela s’explique par le privilège que j’ai eu de devenir gestionnaire d’une équipe extraordinaire. Je suis la cheftaine de ceux et celles qui sont devenus, au fil des 20 dernières années, non seulement mes collègues, mais aussi mes amis. En cette année de bâtonnat, qui aurait pu croire qu’il me manquait de défis? Ce sont maintenant les nombreux événements auxquels je participe qui me donnent l’occasion de porter à nouveau ma toge, à chaque fois avec une fierté renouvelée, je dois dire!
L’automne dernier, j’ai eu le plaisir d’aller voir la pièce Verdict, une œuvre percutante dans laquelle, tour à tour, Marie-Thérèse Fortin et Paul Doucet reprennent des plaidoiries de grandes causes québécoises ayant fait progresser notre société, tout entière, et changé le cours de notre histoire des 50 dernières années. Au début de la pièce, les deux acteurs ont revêtu la toge, devant le public. J’ai admiré le geste. Mes yeux ont souri. Je les ai trouvés beaux; chanceux aussi. J’adore le théâtre; il permet de réaliser l’importance du geste parce que l’on est en mode arrêt, le temps d’une soirée. Il permet aussi parfois de soulever la poussière qui se pose trop souvent sur notre conscience collective tout en mettant l’emphase sur des détails qui nous auraient autrement échappé. J’ai ainsi pu réaliser encore davantage l’importance du geste : revêtir sa toge est un honneur dont il faut avoir conscience.
D’autres avant nous l’ont fait pour défendre, entre autres causes, la légalisation de l’avortement, la lutte contre le profilage racial, les droits des conjoints de même sexe. La lutte menée par ces individus que nous ne connaissons pas intimement, dont Joyce Echaquan et Henri Morgentaler, donne tout son sens aux mots dignité, égalité et respect. Plus nous acceptons les différences, qui, inévitablement, existent entre les membres d’une société, mieux celle-ci se porte. En tant que femme, j’ai pris conscience que c’est uniquement en 1971 que nous avons acquis le droit de devenir juré. Ah oui, me dis-je? C’était l’année de ma naissance. Pourtant, je ne vous cacherai pas que certains jours je me trouve assurément encore toute jeune!
La pièce ne fait pas abstraction du fait que notre système de justice soit perfectible. Malgré tout, j’en suis sortie fière de nous. Fière du travail accompli par les personnes nous ayant précédés. Fière d’être avocate. Fière également de notre ouverture d’esprit toute québécoise. Chères consoeurs, chers confères, soyez-le aussi, chaque jour, avec tout le respect que l’on doit aux acteurs du passé, tout en étant tournés vers l’avenir et les défis qui nous attendent. Soyez aussi infiniment fiers de faire partie de cette profession qui fait délicatement évoluer notre société, même si, avouons-le, les enjeux monétaires et technologiques auxquels fait face le système de justice d’aujourd’hui sont énormes! Il faut savoir se renouveler, chacun à notre façon. En ce sens, le Barreau de Montréal fait également sa part : un nouveau site Web plus convivial et une nouvelle infolettre ont d’ailleurs été lancés en février dernier.
Merci et à bientôt,
Julie Mousseau
Bâtonnière de Montréal