Histoire

Une longue tradition reliée à l’histoire du Québec

LES PREMIÈRES LUTTES

Se pencher sur l’histoire du Barreau de Montréal et sur le rôle des premiers avocats du pays, qui en furent les bâtisseurs, c’est voir défiler en tableaux de grands moments de l’histoire sociale et politique du Québec.

En effet, les origines du Barreau de Montréal remontent aux lointaines lueurs de l’an 1693, lors des premières luttes pour la reconnaissance des avocats, qui ont lieu sous le régime français. Par la suite, son ancêtre éloigné, la Communauté des avocats, voit le jour, en 1779, et s’active à l’instauration de premières règles de discipline et d’éthique, qui se sont enrichies au fil des ans.

RECONNAISSANCE VÉRITABLE DE L’AVOCAT

Les Barreaux du Bas-Canada et de Montréal se concrétisent en 1765, moment où le gouvernement émet les premières commissions d’avocat. Les commissions autorisent leurs titulaires à exercer devant les tribunaux, cumulant à la fois les trois fonctions d’avocat, de notaire et d’arpenteur.

SOCIÉTÉ DE LA BIBLIOTHÈQUE

En 1828, vu l’absence de recueils d’arrêts et la grande rareté des livres de droit, un groupe de juges et d’avocats forment la Société de la bibliothèque, afin de réunir leurs ressources communes. Au nombre des anciens présidents de cette Société, également appelée l’« Advocates’ Library », on retrouve Me Louis-Hippolyte LaFontaine, figure dominante des univers politique et judiciaire du 19e siècle.

AU-DELÀ DU DUEL ORATOIRE

Il fut une époque, heureusement révolue, où les plaidoiries pouvaient connaître une issue fatale. En effet, en ce 19e siècle naissant, le duel est considéré comme le seul moyen véritable de mettre un terme à une dispute et de réparer une offense. La paire de pistolets constitue alors le complément de la toge pour tout avocat digne de ce nom ! À titre d’illustration, Sir Georges-Étienne Cartier, membre très actif du Barreau qui se doublera d’un homme politique de grande stature, se battit en duel en 1848 contre son confrère Joseph Doutre (plus tard bâtonnier !), au sujet d’une comédie écrite par ce dernier et intitulée La tuque bleue, dans laquelle Cartier était pris à parti. Heureusement pour l’Histoire et le Barreau, malgré l’échange de coups de feu, les belligérants s’en tirèrent indemnes !

AUTONOMIE CORPORATIVE DES AVOCATS

L’année 1849 marque la naissance officielle du Barreau de Montréal; c’est à ce moment qu’est sanctionné l’Acte pour l’incorporation du Barreau du Bas-Canada que plusieurs ont désigné comme la déclaration d’indépendance des avocats. Pour la première fois, la corporation du Barreau se voit confier le contrôle absolu des admissions à l’étude et à la pratique du droit.

Ayant maintenant obtenu le statut de corporation indépendante, le Barreau acquiert alors pour la première fois son autonomie véritable face aux gouverneurs – le régime anglais a alors cours – et aux juges. L’année 1849 marque également une réforme d’importance de l’organisation judiciaire du Bas-Canada, avec la création de la Cour supérieure et de la Cour du banc de la reine, l’ancêtre de la Cour d’appel.

GRANDE GRÈVE DES AVOCATS

L’année 1873 est le théâtre de la plus grande crise judiciaire que notre histoire ait recensée. La Cour d’appel, qui jouissait en 1860 d’un prestige considérable, est presque entièrement renouvelée au cours de la décennie suivante. Le comportement de certains de ses juges est sans précédent : ils se rudoient les uns les autres sur le banc, empêchent les avocats de plaider, rendent des jugements sans entendre les parties, etc.

Le Barreau de Montréal se mobilise et adresse résolutions et pétitions. Afin de donner force à leurs doléances, les membres du Barreau de Montréal refusent de plaider devant la Cour d’appel pendant toute une session. Ces mesures sont orchestrées, en 1873, par le bâtonnier et parlementaire Antoine-Aimé Dorion, lequel devient ministre de la Justice la même année. Ces interventions provoquent le départ des juges qui avaient soulevé la réprobation générale. A.-A. Dorion est nommé juge en chef du Québec; il reconquiert rapidement le respect des avocats et la considération du public.

NAISSANCE DE l’A.J.B.M.

Quelque peu avant le tournant du siècle, soit en 1898, on assiste à la création de l’Association du Jeune Barreau de Montréal par de jeunes juristes qui se définissent eux-mêmes comme des « révolutionnaires dans l’ordre » ! L’objet premier de cette association naissante vise à resserrer les liens de confraternité entre les jeunes avocats de Montréal et de promouvoir leurs intérêts.

LES PREMIÈRES AVOCATES

En 1915, Annie Macdonald Langstaff voit rejetée – tant en première instance qu’en appel – la requête qu’elle présente afin d’être admise aux examens lui permettant d’être inscrite au tableau de l’Ordre. Ce n’est qu’en 1942, par le biais d’une intervention de la législature, suite aux pressions exercées par de nombreux groupes féminins, que l’admission des personnes de sexe féminin à la pratique du droit devient permise. Les premières à être ainsi admises sont Me Suzanne Raymond Fillion et Me Elizabeth Monk, qui fut également conseillère municipale de Montréal.

CESSION DE LA BIBLIOTHÈQUE

En décembre 2001, le Barreau de Montréal a cédé sa bibliothèque au Centre d’accès à l’information juridique (CAIJ), un organisme associé au Barreau du Québec, voué à l’évolution et à la modernisation des accès à l’ensemble de l’information juridique disponible, imprimé ou électronique.

La mission du CAIJ est de « Rendre accessible en priorité aux membres du Barreau du Québec et de la Magistrature l’information juridique disponible et s’assurer que l’accès soit le même, quel que soit l’emplacement géographique et ce, peu importe l’environnement de travail. »

Pour réaliser sa mission, le CAIJ s’appuie sur la diversité et l’exhaustivité de ses collections, tant sur support papier que numérique, ainsi que sur des outils sophistiqués de recherche. Le CAIJ-Montréal a été repensé et aménagé pour le confort de ses membres et pour accroître l’efficacité des recherches. C’est une bibliothèque contemporaine dotée d’équipements performants et d’un environnement fonctionnel et convivial.

Document d’intérêt

L’ouvrage Histoire du Barreau de Montréal, de l’honorable G.-Édouard Rinfret, est disponible au coût de 59,95 $.

Pour commander :
Par téléphone : 514 866‑9392, poste 221

Par courriel : info@barreaudemontreal.qc.ca