Me Louis-Philippe Roy : prêter sa voix aux plus démunis
Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat
Membre du Barreau depuis 2005, Me Louis-Philippe Roy pratique en droit criminel au bureau d’aide juridique de Montréal. S’efforçant de trouver des alternatives à la judiciarisation d’une clientèle souvent vulnérable, Me Roy est particulièrement sensible aux enjeux de santé mentale et réussit malgré tout à voir un peu de lumière dans toute la détresse humaine qu’il côtoie tous les jours.
Alors qu’il était enfant, Me Roy a vécu quelques années en République dominicaine où il a fait son primaire en espagnol de la 3e à la 5e année. Sa famille travaillait dans le domaine de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme, mais était aussi impliquée auprès d’organismes communautaires. Me Roy se rappelle d’avoir été en mission dans des secteurs isolés et éloignés où les gens vivaient dans une certaine misère et pauvreté. Le contact avec ces réalités a eu un grand impact sur lui et l’a sans aucun doute orienté pour la suite des choses.
De retour au Québec, il entre pensionnaire à l’Académie Laurentienne, une école à vocation sportive située à Val-Morin dans les Laurentides, où il termine son primaire et fait tout son secondaire. Il s’implique activement dans la vie étudiante et devient même président du conseil étudiant en secondaire V. Ses implications lui permettent de faire de belles rencontres qui l’ont inspiré, notamment un de ses professeurs et directeur, Claude Cousineau, qui est devenu par la suite député à l’Assemblée nationale du Québec pendant près de 20 ans.
Pendant ses études en droit à l’Université de Montréal, Me Roy développe un intérêt marqué pour le droit criminel, notamment grâce au professeur Hugues Parent et ses enseignements sur les moyens de défense, la responsabilité pénale et les troubles mentaux. Me Roy veut plaider rapidement et aller à la Cour souvent. Il applique pour un stage au Centre communautaire juridique de Montréal au Bureau Maisonneuve-Mercier. Pendant six mois, il pratique en droit de la famille, plaide devant la Régie du logement (aujourd’hui le TAL), en plus de faire des dossiers de garde en établissement. Cette clientèle l’intéresse particulièrement, voyant des défis de taille où il faut souvent faire preuve de psychologie.
Après son stage, Me Roy fait le saut dans le domaine du droit criminel. Pendant ses premières années, il touche un peu à tout, de la garde téléphonique à une pratique à la Cour du Québec, à la Cour municipale de Montréal au tribunal de la jeunesse et même à la division des Appels-assises du Bureau d’aide juridique de Montréal. Depuis 2009, il a une pratique à volume à la Cour du Québec et dessert souvent une clientèle aux prises avec des problématiques de consommation et/ou de santé mentale. Il a agi dans des dossiers d’envergure, parfois extrêmement difficiles, dans lesquels souvent il y avait un enjeu de santé mentale. À titre d’exemple, en 2014, Me Roy représente une jeune mère souffrant de dépression post-partum aux prises d’hallucinations auditives et visuelles, accusée du meurtre de son bébé de deux mois et qui a été reconnue non-criminellement responsable après que plusieurs experts se sont prononcés dans ce sens.
En plus d’avoir été membre du conseil d’administration de l’Association des avocats de la défense de Montréal-Laval-Longueuil de 2016 à 2019, Me Roy dispense de la formation aux avocates et avocats et est invité à titre de conférencier, ayant acquis au fil des années une solide expérience en matière de justice et de santé mentale. Il siège notamment à la Table de concertation montréalaise en justice et santé mentale et est membre du comité directeur du programme Trajectoire Justice Santé Mentale (TJSM) de la Cour du Québec, à Montréal. Ce programme d’accompagnement permet aux individus présentant des problématiques de santé mentale qui doivent répondre à des accusations criminelles de bénéficier d’un plan d’intervention et d’un suivi adapté à leur problématique avec l’aide d’un intervenant pivot, plutôt que d’arriver à la fin du processus judiciaire avec un antécédent judiciaire et/ou une peine d’emprisonnement. L’objectif est de mettre fin au phénomène des portes tournantes en arrimant le client aux soins de santé et services sociaux ainsi qu’aux organismes communautaires. Me Roy veut surtout pratiquer une justice où l’on trouve des solutions durables et où l’on ne fixe pas seulement des dates d’audition.
Avant toute chose, Me Roy est heureux et fier d’être un avocat de l’aide juridique, une équipe de juristes chevronnés qui dessert en grande partie une clientèle démunie : « Nous sommes une famille qui se soutient au quotidien. Nous avons développé au fil des ans une expertise unique en matière de criminalité désorganisée. Nous voulons servir, accompagner, rassurer nos clients tout au long du processus judiciaire, tout en s’assurant que leurs droits sont respectés. »
Bien que ce ne soit pas tous les jours facile d’être confronté à autant de détresse humaine, Me Roy carbure à l’émotion et réussit aussi à trouver son équilibre auprès de sa conjointe et ses enfants qui pratiquent le hockey et le soccer au niveau élite. Et malgré tout, il aime être dans le feu de l’action et prêter sa voix à celles de personnes souvent vulnérables.
En faisant revivre la chronique Figure de Maître, créée sous le bâtonnat de Me Lynne Kassie en 2000, le Barreau de Montréal souhaite mettre en lumière des avocats inspirants, auteurs de réalisations exceptionnelles et qui, à travers leurs actions, contribuent à faire rayonner la justice.
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Me Esther Sterling : les relations humaines avant tout
Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat
Avocate à la DPJ depuis son assermentation en 2020, Me Esther Sterling a été intervenante au Centre jeunesse de Montréal avant d’entamer sa carrière en droit, vouant ainsi toute sa vie professionnelle à la protection de la jeunesse. En devenant avocate, Me Sterling a su réaliser un rêve d’enfance et répondre à toutes ses aspirations, et ce, dans un souci d’entrer en relations avec les autres.
Alors qu’elle est adolescente, Me Sterling et sa famille quittent le Québec pour la Floride où elle continue ses études secondaires. Inspirée par des séries télévisées comme Law and Order et les romans de John Grisham qu’elle a presque tous lus, Me Sterling a toujours voulu devenir avocate. Pour y parvenir, elle commence par compléter un baccalauréat en criminologie à la Florida State University, mais après des démarches infructueuses pour continuer des études en droit aux États-Unis, elle décide de revenir au Québec.
De retour à Montréal, elle fait reconnaître ses études en criminologie et décroche un emploi chez Garda, avant de tomber dans l’univers de la protection de la jeunesse en devenant intervenante sociale au Centre La Traversée, un foyer de groupe contractuel en plein cœur du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Elle y accompagne alors les jeunes de la DPJ au quotidien et les soutient dans tous les aspects de la vie courante.
Quelques années plus tard, elle rejoint le Centre Jeunesse de Montréal où elle occupe tout d’abord un poste d’éducatrice, puis d’agente de relations humaines, ce qui lui permet de travailler davantage avec les familles et les organismes communautaires. Un peu sur un coup de tête, avec le désir d’en faire toujours plus, elle complète une maîtrise en administration publique à l’ENAP. Par la suite, elle devient conseillère cadre au service des ressources humaines où elle supervise les employés qui sont sur la liste de rappel toujours au Centre Jeunesse de Montréal.
En 2015, voyant l’avenir d’un œil incertain avec la réforme Barrette qui prévoit l’abolition de plusieurs postes de cadre dans le réseau de la santé et des services sociaux, elle réalise son rêve et commence des études en droit à l’UQAM. Pendant ses études, elle travaille toujours dans l’établissement du Centre Jeunesse de Montréal du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et encadre des éducateurs au centre de réadaptation du Mont Saint-Antoine où elle avait travaillé comme éducatrice : « Cette période a été un véritable tourbillon où je conciliais des études à temps plein, un travail à temps plein et ma vie de famille. J’ai été beaucoup inspirée par ma mère qui arrivait toujours à atteindre ses objectifs et que rien n’arrêtait. »
Après ses études en droit, elle fait son stage à la DPJ à Montréal, où elle est rattachée aux Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw qui desservent une clientèle majoritairement anglophone. Aujourd’hui, elle travaille toujours au sein de cet établissement et a été nommée dernièrement coordonnatrice au sein de son équipe : « La relation d’aide est mon créneau. J’aime regarder les gens évoluer et voir qu’il y a toujours espoir. Dans mon rôle d’avocate, je peux avoir un impact positif. Avant tout, j’aime le contact humain. Je crois qu’on est toujours plus fort ensemble, que si on prend les décisions d’un commun accord, on a plus de chances d’aller plus loin qu’on pensait au départ. »
Le droit a en quelque sorte permis à Me Sterling de développer une nouvelle vision en matière de la protection de la jeunesse. « Je crois en l’importance de favoriser le dialogue et la discussion entre les différentes parties et de concilier les positions dans le meilleur intérêt de l’enfant. Le système contradictoire n’est pas toujours la solution pour arriver à la meilleure décision pour l’enfant. Il y a une dimension humaine en matière de protection sociale et il ne faut pas voir les choses seulement de façon légale. »
Me Sterling aime sa pratique d’avocate qui lui permet de garder un lien avec son bagage professionnel. Emplie d’un sentiment d’accomplissement, elle se voit encore de nombreuses années à la DPJ à aider les autres et à croire en l’importance des relations humaines.
En faisant revivre la chronique Figure de Maître, créée sous le bâtonnat de Me Lynne Kassie en 2000, le Barreau de Montréal souhaite mettre en lumière des avocats inspirants, auteurs de réalisations exceptionnelles et qui, à travers leurs actions, contribuent à faire rayonner la justice profession.
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Me Pierre-Luc Beauchesne : De l’urgence d’écrire… puis d’agir
Par Alexandre Forest, avocat
« La conscience d’avoir bien agi est une récompense en soi. »
– Sénèque
Le 8 mai prochain, Me Pierre-Luc Beauchesne, président du Comité Relations avec les membres (membre 2013-2016; 2019 – à ce jour), sera le récipiendaire du Prix Pierre-Fournier soulignant sa contribution exceptionnelle au Barreau de Montréal et à ses activités. Pour l’importante communauté d’avocat(e)s impliqué(e)s au sein du Barreau, cette récompense octroyée à Me Beauchesne sera sans surprise, ce membre du Barreau du Québec depuis 2006 n’ayant eu de cesse de s’impliquer au sein des diverses instances de notre profession. Mais qui se cache derrière la plume généreuse et gracieuse de l’auteur de la quasi-totalité des Figures de maître publiées au cours des trois dernières années?
DE L’URGENCE D’ÉCRIRE
C’est au baccalauréat en lettres à l’Université McGill que Me Beauchesne déploie d’abord ses talents littéraires, se spécialisant dans le style particulier de la forme brève. De là, il ne fallait qu’un pas pour qu’il bifurque vers le droit à l’Université de Montréal où le langage concis et précis fait loi. Pour la première fois toutefois, Me Beauchesne doute : « J’étais assez timide et réservé. Je doutais de tout. Je sentais que je n’avais pas une personnalité typique de plaideur qui dégage une confiance inébranlable en ses capacités. » Venant d’un avocat ayant plaidé en décembre dernier devant la Cour suprême du Canada au nom du procureur général du Québec dans la très médiatisée cause du « procès secret » (Société Radio-Canada, et al. c. Sa Majesté le Roi, et al.), ce questionnement a de quoi surprendre en rétrospective!
Stagiaire au sein du service juridique de Bell Canada, Me Beauchesne y fera une rencontre significative en Me Dominic Jaar. Ce dernier remarquera rapidement le talent de Me Beauchesne pour l’écriture et lui suggérera de le mettre au service de l’Association du Jeune Barreau de Montréal. Ainsi, pendant toute sa période d’admissibilité de dix ans, c’est ce que Me Beauchesne fera. Membre du comité organisateur du désormais célèbre colloque Legal.IT, journaliste puis rédacteur en chef au magazine l’ExtraJudiciaire, co-auteur du Guide de démarrage de l’entreprise, administrateur responsable des communications et finalement rédacteur en chef du Blogue du Comité Recherche et Législation (CRL), ce sont des dizaines d’articles et billets que Me Beauchesne rédigea avec brio. Humble, il souligne surtout qu’écrire a toujours été (et est toujours) un plaisir pour lui, jamais un fardeau : « L’écriture a toujours été pour moi un plaisir un peu égoïste qui me permettait de trouver un certain équilibre entre le besoin d’en faire plus professionnellement et celui de prendre du temps juste pour moi. » D’aucuns diraient que le Barreau a grandement profité de cet « égoïsme » de Me Beauchesne.
DE L’URGENCE D’AGIR
Mais il y a bien au-delà des mots dans le parcours de Me Beauchesne.
En effet, de la faiblesse qu’il percevait à ne pas pouvoir dégager la confiance inébranlable typique du plaideur, Me Beauchesne en a fait une force. Après son passage au contentieux de Bell Canada, Me Beauchesne va rapidement se développer une niche dans le pourtant très compétitif marché du droit immobilier ainsi qu’en matière de procédures sans préavis, le poussant à se retrouver plus souvent qu’autrement sous pression devant un tribunal pour convaincre qu’une mesure immédiate est requise. « Je suis à l’aise dans l’urgence. J’y retrouve une sorte de calme et de sérénité » explique Me Beauchesne, « Dans ces moments-là, j’ai le sentiment que ma capacité à rapidement en venir aux faits sans artifice m’avantage, alors que le temps presse. » Il croisera sur sa route des avocats chevronnés comme Me Benoît Larose (à ce moment chez Goyette Larose s.n.) et Me François Viau (toujours chez Gowling WLG) qui lui permettront de développer la confiance qu’il enseigne maintenant aux plus jeunes avocat(e)s du procureur général du Québec où il pratique depuis 2017. Une constante se répétera à travers chacune de ces expériences professionnelles : Me Beauchesne est celui vers qui on se tourne lorsque l’urgence frappe à la porte.
Il fera également passer son implication à un autre niveau en 2019 en se joignant au Conseil du Barreau de Montréal jusqu’en 2021. Le soussigné peut personnellement témoigner de l’apport de Me Beauchesne au sein du Conseil, non seulement par son talent exceptionnel d’auteur (il prendra le titre officieux de « reporter officiel » du Barreau de Montréal, titre qu’il conserve à ce jour), mais également par ses opinions toujours pertinentes quant à la gestion de notre ordre professionnel.
À presque vingt ans d’expérience comme avocat plaideur, qu’est-ce que Me Beauchesne voudrait que l’on retienne de ce portrait? « Nos forces et faiblesses ne nous définissent pas nécessairement. Il nous appartient de nous définir nous-mêmes. Pour moi, l’implication m’a vraiment permis de trouver ma voie et de sentir que j’avais ma place ». Il n’est à point douter que Me Beauchesne aura marqué le Barreau de Montréal à l’encre indélébile… et il ne reste qu’à nous souhaiter que nous soyons encore bien loin de l’épilogue!
Le prix Pierre-Fournier est décerné chaque année à une personne qui s’est signalée par sa contribution exceptionnelle au Barreau de Montréal et à ses activités.
Pour voir la liste de ses récipiendaires depuis sa création en 1992, cliquez ici.
Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat
Le 13 novembre dernier, dans le cadre des Grands entretiens avec le bâtonnier, Me David Ettedgui s’est entretenu avec deux figures marquantes du monde des affaires : Mes Anne-Marie Boucher et Mitch Garber.
En couple depuis l’École du Barreau, Mes Boucher et Garber se sont lancés en affaires, chacun à sa façon et à son rythme. Généreux de leur temps et de leur argent, ils s’investissent aussi depuis des années au sein de plusieurs organismes de bienfaisance.
Me Anne-Marie Boucher : la passion de développer
Membre du Barreau du Québec depuis 1992, Me Boucher est l’une des co-fondatrices de BCF et siège aujourd’hui sur le conseil d’administration de plusieurs entreprises et organismes. Sa carrière est marquée bien sûr par la passion pour les affaires, mais aussi par le besoin de former la relève et de partager ses connaissances.
Avant de faire ses études en droit, Me Boucher a passé une année dans les Forces armées canadiennes et a travaillé aussi un an au Pérou dans un orphelinat. En plus d’avoir été enrichissantes, ces expériences lui ont permis d’améliorer son anglais et son espagnol et de pouvoir devenir monitrice de langues pour payer ses études. Me Boucher a fait son baccalauréat en droit à l’Université de Montréal avant de compléter une maîtrise en fiscalité à l’Université de Sherbrooke. C’est une de ses professeures en fiscalité, Diane Bruneau, qui l’a mise en contact avec Me Guy Lord qui pratiquait en droit fiscal au sein de Clark Woods Rochefort Fortier. C’est dans ce cabinet où Me Boucher a fait son stage en droit et a débuté sa carrière.
Quelques années plus tard, Me Boucher fonde avec des collègues la firme Brouillette Charpentier Fournier, qui deviendra éventuellement BCF. Sa rencontre avec Me Mario Charpentier, qui a été associé directeur de BCF pendant 25 ans, a été déterminante : « Ayant tous les deux le goût des affaires et une bonne tolérance au risque, nous voulions bâtir notre propre entreprise. Notre objectif était de desservir les PME de A à Z, pas juste le volet entreprise, mais aussi le volet personnel, notamment en matière de fiscalité et de planification successorale. »
Chez BCF, elle pratique en droit fiscal jusqu’à son départ pour l’Europe en 2006 où son mari avait accepté un poste. À son retour au Canada, quelques années plus tard, elle continue chez BCF à titre d’avocate-conseil. En 2018, elle participe au lancement de BCF Ventures, un des premiers fonds de capital de risque corporatif lancé par un cabinet d’avocats, dont elle dirige aujourd’hui le comité aviseur. « Au cours des années, j’ai pu développer un bon flair en affaires. J’aime l’entreprenariat, j’aime participer à cet écosystème, et surtout mettre les gens en contact pour construire quelque chose. »
Aujourd’hui, Me Boucher siège sur les conseils d’administration de Carebook technologies et Lynx Air, deux entreprises en développement où tout est à bâtir. Tout comme pour son mari, la philanthropie occupe une place importante dans sa vie. Elle siège notamment sur les conseils d’administration de la Fondation de l’hôpital St. Mary, de Canada Alpin, de la World Widlife Fund, du Weizmann Institute of Science, du Musée McCord et est présentement la présidente de la Fondation communautaire juive de Montréal.
Au fil des ans, Me Boucher a également consacré beaucoup de son temps à l’enseignement. En plus d’avoir été monitrice de langues pendant ses études, elle a enseigné la fiscalité à l’Université de Montréal et à l’Université de Sherbrooke. Elle s’efforce encore aujourd’hui de partager ses connaissances avec la prochaine génération. Avec ses enfants, neveux et certains de leurs amis, elle a lancé dernièrement un fonds de capital de risque, Lalotte Ventures (ce nom s’inspire du mot « croissance » en hébreu) afin de les initier à ce type d’investissements.
Me Boucher reconnaît la chance inouïe d’avoir eu comme mentor Me Mario Charpentier, mais aussi son mari, Mitch Garber, comme partenaire : « Mon mari et moi avons des talents différents, mais ensemble nous sommes complémentaires et nous sommes devenus une véritable force ». Les affaires occupent une place importante dans sa vie familiale et sont devenus un élément rassembleur : « Notre objectif à Mitch et moi est de continuer à intégrer nos enfants, qu’ils prennent le leadership et qu’ils s’investissent dans tous nos projets philanthropiques. Nous voulons que la philanthropie fasse partie de notre ADN familial. »
La tête encore pleine de projets, Me Boucher souhaite continuer à transmettre ses connaissances à la nouvelle génération pour que celle puisse trouver aussi sa place.
Me Mitch Garber : l’homme d’affaires avocat
Membre du Barreau du Québec depuis 1990, Me Mitch Garber s’est lancé en affaires après avoir pratiqué en litige pendant plusieurs années. Au fil des ans, il est devenu une personnalité publique, n’ayant pas la langue dans sa poche et s’impliquant activement dans sa communauté.
Me Garber complète un baccalauréat en relations industrielles à l’Université McGill avant de faire ses études en droit à l’Université d’Ottawa. De 1990 à 1999, il travaille chez Lazarus Charbonneau où sa pratique est très diversifiée : « J’allais au palais de justice presque tous les jours, ce qui m’a permis de développer mes aptitudes pour le débat et surtout de pouvoir penser et réagir rapidement sous pression. Ces leçons que j’ai apprises devant les tribunaux m’ont servi toute la vie ».
En 1999, à 35 ans, il quitte la pratique du droit et démarre avec deux amis SureFire Commerce inc., une entreprise de traitement de paiements en ligne. Pour lui, se lancer en affaires était un risque très calculé et réfléchi. En 2006, il devient le PDG de Party Gaming Plc avant de prendre la tête quelques années plus tard de Caesars Interactive Entertainment, une entreprise de jeux numériques dont il est devenu le premier investisseur privé. Par la suite, il devient aussi le PDG de Caesars Acquisition Company qui détient plusieurs hôtels et casinos à Las Vegas. À quoi doit-il tous ses succès? « Il ne fait pas de doute dans mon esprit que les deux choses qui ont propulsé ma carrière sont d’avoir fait des études en droit et d’être bilingue, même trilingue. J’ai toujours senti qu’on avait un certain respect pour les gens capables de parler plusieurs langues. »
Pour Me Garber, l’élément commun à la pratique du droit et aux affaires est la capacité de résoudre des problèmes : « J’aime beaucoup négocier et surtout comprendre les éléments d’un problème pour arriver à une solution bonne pour tout le monde. L’avocat a aussi une façon unique de lire un document et de penser. C’est ce que j’ai appris en droit et que j’ai su transposer en affaires. »
Un peu provocateur, Me Garber ne craint pas de prendre la parole et compte aujourd’hui plus de 45 000 abonnés sur X. Au cours des années, il a également été commentateur sportif et a participé à l’émission de télévision Dans l’œil du dragon. Aujourd’hui, il continue d’investir dans plusieurs entreprises, en plus de siéger sur le conseil d’administration de certaines. Il est aussi l’un des propriétaires du Kraken de Seattle, une équipe de hockey de la LNH.
Me Garber et son épouse investissent beaucoup de leur temps et argent dans différentes causes. Celle qui lui tient le plus à cœur est Centraide, notamment parce que celle-ci vient en aide à plusieurs organisations montréalaises et québécoises : « On est très chanceux d’habiter à Montréal et on a une qualité de vie extraordinaire. Si on ne s’occupe pas des plus démunis de notre ville, qui va le faire? Tous les avocats ont une responsabilité à cet égard, parce qu’ils ont souvent plus de moyens que d’autres. »
Son attachement à la profession n’est sûrement pas étranger au fait que son épouse est également avocate : « Être tous les deux des avocats nous a permis de trouver des façons d’être en désaccord, de prendre la parole chacun à son tour et de faire preuve de respect pour l’autre. » Malgré ses succès en affaires, la notoriété et les prix qu’il a gagnés, Me Garber est avant tout fier d’être un avocat montréalais et souhaite que ses confrères et consœurs partagent cette même fierté.
Le prix Pierre-Fournier est décerné chaque année à une personne qui s’est signalée par sa contribution exceptionnelle au Barreau de Montréal et à ses activités.
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Me Audrey Boctor : La passion du droit et des enjeux humains
Audrey Boctor grandit en Saskatchewan, d’abord à Régina puis à Saskatoon où elle fréquente des écoles d’immersion française. Elle entame ses études supérieures en complétant un baccalauréat en français et sciences politiques, obtenant la médaille d’or pour ses résultats exceptionnels, à l’Université Western en Ontario. Ayant toujours souhaité vivre dans un environnement francophone, elle saisit par la suite l’occasion que lui offre l’Université McGill en s’y inscrivant au programme conjoint droit civil/common law en 2001. Ses débuts sont parsemés d’incertitudes, mais un certain professeur, aujourd’hui ministre fédéral de la Justice, David Lametti, la convainc qu’elle a sa place au sein de la Faculté de droit et qu’elle a tout le potentiel pour devenir une excellente juriste.
Audrey Boctor poursuit donc sa route et accumule des expériences diversifiées pendant la saison estivale, d’abord à Toronto puis New York, avant d’effectuer un stage de quatre mois au Tribunal pénal international pour le Rwanda. Après ses cours du Barreau de l’Ontario, elle se dirige en septembre 2005 vers la Cour suprême du Canada où elle a le privilège de travailler à titre d’auxiliaire juridique auprès de la très honorable Beverley McLachlin. La rigueur, l’efficacité et les qualités humaines de la juge McLachlin impressionnent grandement Audrey, tout comme son travail acharné pour accroitre la visibilité de la Cour suprême sur la scène internationale.
Après cette expérience unique, Audrey, qui est également attirée vers une carrière académique, complète un Fellowship à l’Université Columbia de New York, ce qui lui permet de développer ses aptitudes d’enseignement en offrant le cour « Legal Practice Workshop ». Elle s’y plait, mais se surprend à souhaiter contribuer au développement du droit de manière plus concrète, « sur le terrain ». Elle est donc bien servie lorsqu’elle joint les rangs du cabinet new-yorkais Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP, la veille de la chute de Lehman Brothers. Elle est alors plongée dans une tempête au milieu de laquelle elle développe expérience et connaissances en matière de réglementation et de finance américaine.
En 2010, une évidence s’impose soudainement : Audrey s’ennuie du Canada et souhaite y revenir pour s’y établir. Elle sait qu’elle veut exercer en litige au sein d’un cabinet boutique sans structure hiérarchique rigide. Elle connait la réputation de Irving Mitchell Kalichman et elle est bien au fait d’un dossier qui l’intéresse particulièrement : l’affaire Kazemi, impliquant des procédures contre le gouvernement iranien. Audrey se joint donc à l’équipe de IMK en septembre 2010 et a dès lors le privilège de participer activement au dossier Kazemi. Malgré la défaite en Cour suprême, les efforts investis et la qualité du travail accompli par IMK, sur une base pro bono, sont révélateurs des valeurs du cabinet et rendent Audrey fière d’en faire partie. Membre du conseil d’administration de l’Association canadienne des libertés civiles, elle agit elle-même à titre d’avocate pro bono dans plusieurs dossiers, incluant Villeneuve c. Ville de Montréal, relatif au port du masque lors de manifestations et à l’obligation de soumettre un itinéraire.
Lentement mais sûrement, les défis d’envergure se succèdent dans la carrière d’Audrey Boctor. Elle est notamment impliquée dans le dossier Churchill Falls et dans l’action collective entreprise contre le gouvernement fédéral en lien avec la purge LGBT survenue au sein des forces armées, de la GRC et de la fonction publique fédérale. Un règlement intervient en 2017 et des excuses officielles sont même offertes par le Premier ministre Justin Trudeau. Audrey souligne l’esprit de collaboration qui anime les relations entre les procureurs des différentes parties depuis le début des procédures. Le dossier en est maintenant à l’étape des réclamations, dont le processus se veut non-adversarial pour les victimes. Son travail à titre d’avocate principale du groupe au Québec vaut d’ailleurs à Audrey, conjointement avec la représentante du groupe Martine Roy, le Prix Phénicia 2018, qui est remis par la Chambre de commerce LGBT du Québec.
En décembre 2018, Audrey a l’immense privilège d’être choisie pour agir à titre d’Amicus Curiae auprès de la Cour suprême du Canada. Elle est alors appelée à offrir sa vision et son point de vue, en compagnie du professeur Daniel Jutras, sur la norme de contrôle applicable en droit administratif canadien. Au fil des années, Audrey maintient par ailleurs son lien avec le milieu universitaire en enseignant aux Facultés de droit des Universités McGill et de Montréal.
Un autre dossier d’importance, ayant débuté en 2014, occupe en ce moment la vie d’Audrey Boctor : l’audition devant la Cour supérieure du recours visant à invalider plusieurs dispositions du Code Civil du Québec qui empêchent à certains individus de modifier leur nom et leur désignation de sexe, tout en imposant à tous l’identification binaire « M ou F ».
L’implication au sein d’associations professionnelles et communautaires est également une valeur phare pour Audrey. Après plusieurs années à siéger à différents comités, elle assume présentement la présidence de la division du Québec de l’Association du Barreau canadien jusqu’en juin prochain, alors qu’elle cédera sa place à Me Pascale Pageau, Ad. E. Le Centre communautaire Tyndale St-George, qui soutient une population défavorisée, est particulièrement cher à son cœur. Son regretté collègue et mentor Colin Irving a pavé la voie en donnant temps et énergie à cette organisation et en y fondant une clinique juridique. Audrey est fière de constater que la pérennité de la clinique juridique Tyndale est désormais assurée grâce à son association à la Clinique juridique du Mile-End et au soutien financier d’IMK en l’honneur de Colin Irving.
Audrey évoque avec respect, admiration et reconnaissance le rôle déterminant que des mentors comme David Lametti, Beverley McLachlin, Doug Mitchell et Peter Kalichman ont joué dans son parcours professionnel et les valeurs qu’ils lui ont transmises. Audrey Boctor, étoile montante de nombreux palmarès juridiques, estime que le temps est venu pour elle de donner au suivant et d’investir dans l’incroyable relève de son cabinet en offrant à son tour soutien et mentorat aux jeunes avocats talentueux qui l’entourent.
Le parcours exceptionnel et inspirant d’Audrey Boctor suscite le respect et l’admiration, tout en donnant un certain vertige tant il est riche et diversifié. Audrey reconnait que sa vie est très remplie, mais la passion qu’elle éprouve pour son travail et sa profession la transporte et l’amène à se dépasser. Elle célèbre ses victoires avec discrétion et humilité, et retient de précieuses leçons lors des défaites. Elle s’estime choyée et infiniment privilégiée d’être entourée de collègues qui partagent sa vision positive et qui, comme elle, aiment se rappeler que : « Misery loves company but enthusiasm is contagious ».
En faisant revivre la chronique Figure de Maître, créée sous le bâtonnat de Me Lynne Kassie en 2000, le Barreau de Montréal souhaite mettre en lumière des avocats inspirants, auteurs de réalisations exceptionnelles et qui, à travers leurs actions, contribuent à faire rayonner la justice.
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