Mot de la bâtonnière

Il est vrai qu’au courant de la dernière année, les occasions de revêtir ma toge se sont faites moins nombreuses puisque je ne plaide presque plus. Cela s’explique par le privilège que j’ai eu de devenir gestionnaire d’une équipe extraordinaire. Je suis la cheftaine de ceux et celles qui sont devenus, au fil des 20 dernières années, non seulement mes collègues, mais aussi mes amis. En cette année de bâtonnat, qui aurait pu croire qu’il me manquait de défis? Ce sont maintenant les nombreux événements auxquels je participe qui me donnent l’occasion de porter à nouveau ma toge, à chaque fois avec une fierté renouvelée, je dois dire!

L’automne dernier, j’ai eu le plaisir d’aller voir la pièce Verdict, une œuvre percutante dans laquelle, tour à tour, Marie-Thérèse Fortin et Paul Doucet reprennent des plaidoiries de grandes causes québécoises ayant fait progresser notre société, tout entière, et changé le cours de notre histoire des 50 dernières années. Au début de la pièce, les deux acteurs ont revêtu la toge, devant le public. J’ai admiré le geste. Mes yeux ont souri. Je les ai trouvés beaux; chanceux aussi.  J’adore le théâtre; il permet de réaliser l’importance du geste parce que l’on est en mode arrêt, le temps d’une soirée. Il permet aussi parfois de soulever la poussière qui se pose trop souvent sur notre conscience collective tout en mettant l’emphase sur des détails qui nous auraient autrement échappé. J’ai ainsi pu réaliser encore davantage l’importance du geste : revêtir sa toge est un honneur dont il faut avoir conscience.

D’autres avant nous l’ont fait pour défendre, entre autres causes, la légalisation de l’avortement, la lutte contre le profilage racial, les droits des conjoints de même sexe. La lutte menée par ces individus que nous ne connaissons pas intimement, dont Joyce Echaquan et Henri Morgentaler, donne tout son sens aux mots dignité, égalité et respect. Plus nous acceptons les différences, qui, inévitablement, existent entre les membres d’une société, mieux celle-ci se porte.  En tant que femme, j’ai pris conscience que c’est uniquement en 1971 que nous avons acquis le droit de devenir juré. Ah oui, me dis-je? C’était l’année de ma naissance. Pourtant, je ne vous cacherai pas que certains jours je me trouve assurément encore toute jeune!

La pièce ne fait pas abstraction du fait que notre système de justice soit perfectible. Malgré tout, j’en suis sortie fière de nous. Fière du travail accompli par les personnes nous ayant précédés. Fière d’être avocate. Fière également de notre ouverture d’esprit toute québécoise. Chères consoeurs, chers confères, soyez-le aussi, chaque jour, avec tout le respect que l’on doit aux acteurs du passé, tout en étant tournés vers l’avenir et les défis qui nous attendent. Soyez aussi infiniment fiers de faire partie de cette profession qui fait délicatement évoluer notre société, même si, avouons-le, les enjeux monétaires et technologiques auxquels fait face le système de justice d’aujourd’hui sont énormes! Il faut savoir se renouveler, chacun à notre façon. En ce sens, le Barreau de Montréal fait également sa part : un nouveau site Web plus convivial et une nouvelle infolettre ont d’ailleurs été lancés en février dernier.

Merci et à bientôt,

Julie Mousseau

Bâtonnière de Montréal

Me Marie-Claude Jarry : hors des sentiers battus

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Membre du Barreau du Québec depuis 1992, Me Marie-Claude Jarry pratique en droit bancaire chez Dunton Rainville où elle a passé la majeure partie de sa carrière. Me Jarry a aussi toujours été très impliquée dans sa communauté. Son esprit curieux, mais aussi fidèle aux traditions, l’a guidée tout au long de ses implications.

Après un baccalauréat spécialisé en science politique, Me Jarry complète, également à l’Université de Montréal, ses études en droit. Par la suite, elle fait son stage chez Dunton Rainville où elle devient associée en 2001. Me Jarry se sent très privilégiée et fière d’être la première stagiaire qui a accédé au rang d’associé au sein de son cabinet.

En 2009, Me Jarry est sollicitée pour joindre les rangs d’un important client du cabinet, la Banque de Montréal, afin de prendre la tête de son contentieux pour le Québec. Même si elle trouve la pratique en contentieux intéressante, elle revient à la pratique privée chez Dunton Rainville quatre ans plus tard où elle pratique toujours, principalement en droit bancaire et en droit commercial.

Une avocate impliquée depuis ses tout premiers débuts

Me Jarry commence à s’impliquer dès le début de sa carrière. Au cours des années, elle siège à plusieurs conseils d’administration dont ceux du Centre de santé et de services sociaux Dorval-Lachine-LaSalle, de 2004 à 2010, et de la Régie des installations olympiques, de 2009 à 2013. De 2004 à 2018, elle est également vice-présidente du conseil d’administration de la Fondation Mélio au soutien du Centre de réadaptation Marie Enfant du CHU Sainte-Justine. En ce moment, elle s’implique notamment sur le conseil d’administration du Théâtre de Lac-Brome et du Pavillon Foster, un centre de réadaptation pour les personnes en situation de dépendances.

Me Jarry a toujours eu un intérêt marqué pour l’histoire militaire et les conflits internationaux. En fait, si elle n’avait pas choisi le droit, elle aurait aimé être journaliste. En décembre 2018, elle est nommée première femme Lieutenant-Colonel Honoraire du régiment militaire Royal Canadian Hussars (Montréal) qui est un régiment blindé de reconnaissance constitué de réservistes qui remplissent leur engagement parallèlement à leur vie professionnelle. Son rôle est entre autres de faire un lien entre l’armée et la société civile, dans un souci de maintenir la tradition et de faire connaître la réalité des réservistes. Me Jarry a été marquée par l’importance d’un régiment dans la vie de tous les jours des réservistes : « Ils sont fiers de leur engagement et de leur appartenance à leur régiment qui est un point d’ancrage et une vraie famille. »

Parallèlement à son engagement au sein du Royal Canadian Hussars, Me Jarry est vice-présidente de la section Québec du Conseil de liaison des forces canadiennes. Cet organisme est composé de plus de 140 bénévoles de partout au Canada qui entretiennent des relations privilégiées avec le secteur des affaires, de l’éducation et avec leur gouvernement provincial ou en sont des acteurs eux-mêmes. Ces bénévoles travaillent en partenariat avec l’Équipe de la Défense pour inciter les employeurs, les établissements d’enseignement et d’autres organismes à souligner à quel point le service au sein de la Réserve est précieux pour les collectivités canadiennes et pour la défense du Canada et pour faciliter la conciliation entre une vie professionnelle et une carrière dans la Réserve : « Les réservistes sont des employés formés, qualifiés, loyaux et disciplinés. Dans le cadre de leur formation dans la Réserve, ils développent des qualités exceptionnelles et des aptitudes au leadership qui en font des employés hors normes et fort appréciés. »  (…)

C’est en quelque sorte la curiosité qui a poussé Me Jarry à vouloir toujours s’impliquer sans compter ses heures tout en développant de nouveaux intérêts : « Ma préoccupation a toujours été de faire en sorte que ma carrière et ma vie professionnelle soient des plus intéressantes. Pour que la pratique de la profession demeure agréable et enrichissante, j’ai toujours cherché à élargir le champ de mes interventions et de mes connaissances, ce qui m’a permis d’apprendre énormément sur une foule de sujets et de rencontrer des gens extraordinaires. »

Le succès de Me Jarry dans ses implications est certainement aussi tributaire de la confiance et du soutien de personnes clés, notamment M. Jean-Paul Bouchard, qui était directeur général d’établissements dans le secteur de la santé et des services sociaux, Me Jean-Jacques Rainville, président du conseil de direction de Dunton Rainville, et aussi, et non le moindre, son conjoint des 30 dernières années, Me Paul André Martel.

Même dans ses loisirs, Me Jarry démontre un esprit curieux, mais aussi un intérêt pour les traditions. Cavalière aguerrie, elle pratique l’équitation depuis plusieurs années.


Un double engagement au service des autres


Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Membre du Barreau depuis 1992, Me Marie Christine Kirouack, Ad. E., a su mettre son énergie débordante et contagieuse au service des autres. Son apport au droit familial est impressionnant, notamment par ses nombreux textes de doctrine, ses participations à des commissions parlementaires ainsi que par les formations et les cours qu’elle a donnés au cours de sa carrière. Toutefois, ce dont elle est particulièrement fière demeure sa contribution en matière de santé mentale. Pour ceux qui l’ignorent, Me Kirouack est, depuis 2011, la directrice du Programme d’aide aux membres du Barreau du Québec (PAMBA).

Après avoir complété un diplôme d’études collégiales en lettres et philosophie au Cégep Édouard-Montpetit en 1981 et goûté au marché du travail, elle entame ses études en droit en 1988, à l’Université McGill. Pendant ces années, elle a notamment été la porte-parole du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ), en plus d’avoir agi à titre d’intervenante de première ligne dans un centre de thérapie alternative pour femmes souffrant de maladies mentales. Nul doute que ces expériences de travail ont donné le ton à ses implications et ses engagements futurs.

Une pratique axée sur le droit de la famille

Me Kirouack a toujours pratiqué en droit de la famille. Elle a commencé sa carrière de juriste au sein du cabinet Moisan Lasalle, un bureau uniquement constitué de femmes où elle a été rapidement lancée dans une foule de défis. Elle garde notamment d’excellents souvenirs de Me Pierrette Moisan qui lui a insufflé un esprit de précision et de synthèse.

À partir de 2011, sa pratique a pris une certaine tangente. Elle a commencé à représenter davantage des enfants dans des dossiers en droit familial : « Pour moi, c’est un rôle privilégié de représenter un enfant devant le tribunal et de m’assurer que ses intérêts soient protégés. Une telle pratique permet aussi de faire de l’intervention en santé mentale. »

En plus d’enseigner le droit de la famille à l’Université McGill, de donner des formations et de participer à des commissions parlementaires, Me Kirouack a écrit de nombreux articles de doctrine (plus de 4 000 pages), notamment en matière de filiation et d’autorité parentale. Elle est également l’autrice de deux ouvrages, La réforme de la Loi sur le divorce et le Guide de préparation du témoin.

Toujours engagée, Me Kirouack siège encore aujourd’hui sur le conseil d’administration de l’Association des avocats et avocates en droit familial du Québec, dont elle a été vice-présidente de 1998 à 2005 puis présidente de 2005 à 2013. Pour Me Kirouack, l’avocat en droit de la famille a un rôle social de premier plan à jouer et doit tout faire pour éviter de jeter de l’huile sur le feu, et ce, pour le meilleur intérêt des enfants.

Une intervenante de première ligne

Me Kirouack s’est jointe au PAMBA en 2000. Elle a tout d’abord été adjointe au directeur, Me Guy Quesnel, pendant plus de 10 ans, avant de prendre sa relève en février 2011. Rappelons que, depuis 1996, le PAMBA offre un service d’aide et de consultation pour les avocats victimes d’alcoolisme, de toxicomanie, d’épuisement professionnel, de stress et d’autres problèmes de santé mentale en plus d’être accessible, en toute confidentialité, 365 jours par année, jour et nuit.

Pour Me Kirouack, le PAMBA permet littéralement de sauver des vies : « Avec le temps, j’ai réalisé que ce que je fais au programme est plus important que le reste, dont mes articles de doctrine qui ne résistent pas au temps et qui deviennent en quelque sorte décalés. Nos interventions permettent à des gens de retomber sur leurs pieds et même littéralement de rester en vie. C’est fondamental. Si je regarde mon travail au PAMBA et mon travail comme Ombudsman, je fais probablement une plus grande différence au sein de la société que comme avocate en droit de la famille. »

En mai 2021, Me Kirouack a décidé de prendre un nouveau virage et de mettre sa pratique en droit de la famille de côté pour devenir Ombudsman de l’Archidiocèse de Montréal. Pour elle, ce nouveau défi est une continuation de son engagement dans le domaine de l’intervention de première ligne.

L’engagement social de Me Kirouack, tant au niveau juridique qu’en matière de santé mentale, a été reconnu par la communauté juridique. En 2019, elle a reçu le Mérite du Barreau du Québec pour son apport significatif au développement et à l’avancement du droit de la famille et pour son travail de démystification en santé mentale. En 2014, elle a également reçu le Prix d’excellence du Programme d’aide aux juristes (PAJ) de l’Association du Barreau canadien (ABC) pour son dévouement envers l’amélioration de la santé mentale chez les avocats.

Pour se changer les idées, se détendre et combattre le stress, Me Kirouack se passionne pour les travaux de rénovation : « Poser un plancher de bois franc fait toujours sortir le méchant. » Ce n’est pas tout. Les lundis d’hiver, on peut aussi la retrouver sur les pentes du Mont Saint-Bruno où elle est patrouilleuse de ski.

À l’approche des mois plus gris de l’année, Me Kirouack invite tous les avocats à prendre soin d’eux et à décrocher, mais aussi à ne pas avoir d’idée préconçue sur eux-mêmes et sur leur carrière. Pour elle, il faut saisir les opportunités que la vie nous offre et surtout ne pas s’imposer ses propres limites.

À lire : Le très honorable Richard Wagner, démystifier le droit et la justice
Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Me Fernando Belton : croire en l’implication sociale

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Membre du Barreau depuis 2015, Me Fernando Belton pratique en droit criminel et pénal dans un cabinet qu’il a lui-même fondé. Sensible aux enjeux sociaux actuels, il est le président et le cofondateur de la Clinique juridique de Saint-Michel (CJSM) où il coordonne notamment l’équipe de profilage racial. Il ne fait aucun doute que l’engagement occupe une place prépondérante dans l’impressionnant parcours professionnel de ce jeune avocat

L’intérêt de Me Belton pour le droit criminel et pénal est né d’un cours de Tribunal-école pendant ses études en sciences juridiques à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il rencontre alors deux criminalistes, Mes Lida Sara Nouraie et Nicholas St-Jacques, qui l’ont grandement inspiré et qui lui ont donné la piqure pour ce domaine. Après avoir complété son baccalauréat, il entame un stage à la Cour municipale de Montréal où il est procureur de la poursuite. Il se lance ensuite à son compte et démarre son propre cabinet, Belton avocats, qui compte aujourd’hui trois juristes.

Une partie de la clientèle de Me Belton est constituée de jeunes contrevenants : « On ne traite pas ces dossiers comme ceux des adultes. On doit faire preuve d’une sensibilité particulière et préconiser une approche de collaboration avec la poursuite pour trouver des solutions et sortir le jeune de la situation dans laquelle il se trouve. C’est très gratifiant comme type de pratique. » Me Belton représente aussi des personnes victimes de profilage racial dans le cadre de poursuites contre les municipalités. Dans ce type de dossiers, il apprécie particulièrement le travail d’équipe, notamment avec des avocats civilistes.

La fondation de la CJSM

Pendant ses premières années de pratique, il s’implique à la Clinique juridique de l’UQAM et au Service d’information juridique à la Cour municipale de Montréal. En 2019, il fonde avec Me Limartine Angrand, qui était alors présidente de l’Association des étudiants noirs en droit de l’Université de Montréal, la CJSM. Aujourd’hui, ce sont 100 étudiants et 30 avocats bénévoles, ainsi que 11 employés qui y travaillent. D’ailleurs, une nouvelle clinique ouvrira bientôt ses portes à Ville-Saint-Laurent.

Pour ceux qui ne connaissent pas la CJSM, sa mission se divise en trois axes. Premièrement, elle offre des consultations juridiques gratuites aux résidents du quartier Saint-Michel, et ce, tous les lundis soir. Deuxièmement, elle travaille en collaboration avec d’autres organismes communautaires du quartier en leur proposant formations et ateliers. Finalement, la CJSM met de l’avant des projets visant à combattre le racisme sous toutes ses formes. C’est justement dans cette sphère d’activités de la clinique que Me Belton investit beaucoup de son temps.

Ce printemps, Me Belton donne aussi un cours sur le profilage racial à l’UQAM et également à l’Université d’Ottawa. Ce même cours sera offert à l’Université McGill à la session d’automne et à l’Université de Montréal à celle d’hiver. Par ailleurs, en plus d’enseigner, Me Belton complète aussi une maîtrise en droit criminel à la York University.

Un homme engagé

L’engagement de Me Belton a été reconnu par ses pairs. Au cours de sa jeune carrière, il a remporté plusieurs prix, dont celui d’Avocat JBM de l’année 2021, catégorie Pro bono / Implication sociale et le Prix de la relève de la faculté des sciences juridiques de l’UQAM, en 2021. En 2013, après ses études en droit, il avait également remporté la Médaille du Lieutenant-Gouverneur pour la jeunesse.

Père de trois enfants, âgés respectivement de 1, 3 et 8 ans, Me Belton croit plus que tout en l’importance de l’implication sociale. Pour lui, lorsqu’on a la chance de pratiquer une profession qui offre de nombreux avantages, la moindre des choses est de pouvoir redonner au suivant. Et le plus gratifiant dans tout ça, c’est de percevoir les impacts extraordinaires qui naissent de tous ses efforts.

Me Martin Chalifour : donner un sens à sa profession

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Lors de l’assemblée générale annuelle qui se tiendra le 10 mai prochain, le prix Pierre-Fournier sera décerné à Me Martin Chalifour, président du comité des infractions du Barreau de Montréal et procureur en chef du Bureau de Montréal du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). Par son travail et sa grande implication, Me Chalifour s’efforce continuellement de faire connaitre et de démystifier le fonctionnement du processus judiciaire en matière criminelle et le rôle important que l’avocat y joue.

Une carrière au DPCP et au service de la population

Membre du Barreau du Québec depuis 2003, Me Martin Chalifour a toujours exercé sa profession au sein du DPCP. Après ses études en droit à l’Université de Montréal, il a su qu’il voulait devenir procureur de la Couronne en écoutant les points de presse du procès du boxeur Dave Hilton, accusé d’agression sexuelle : « Les commentaires de l’avocate de la Couronne chargée de l’affaire, Me Hélène Di Salvo, aujourd’hui juge à la Cour supérieure, m’ont permis de bien comprendre le rôle d’un procureur de la poursuite à titre de représentant de la justice et à quel point ce travail est utile pour la société. J’ai alors réalisé que j’avais besoin de servir une cause et de faire un travail qui a un sens, avec des enjeux sociaux. »

Au tout début de sa pratique, Me Chalifour souhaitait toucher à tout, sans se spécialiser dans un domaine précis. Après quelques années, il s’est joint au Bureau de lutte au crime organisé et, de 2009 à 2013, a fait partie de l’imposante équipe assignée au procès SharQc. Il a ensuite travaillé sur des projets de longue durée impliquant notamment des groupes de voleurs habiles et sophistiqués (les projets MASTOR et MÉSANGE) ainsi que sur des dossiers marquants, dont le procès du proxénète Evgueni Mataev. Pendant 18 mois, il a été procureur en chef des appels avant de devenir procureur en chef du Bureau de Montréal en 2019. Il dirige aujourd’hui une équipe de 120 procureurs et prend part aux décisions importantes qui ont un impact institutionnel pour le DPCP. Conscient et soucieux de son rôle, il s’assure que le DPCP effectue son travail dans l’intérêt public et que la procédure criminelle soit la plus équitable pour tous.

Un avocat impliqué à tous les niveaux

L’implication a toujours occupé une place importante dans le cheminement professionnel de Me Chalifour. Pendant ses études universitaires, il a été très actif au sein du mouvement étudiant et a été membre du comité exécutif de la Fédération étudiante du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM). Depuis 2018, succédant à nulle autre que Me Sonia Lebel, il préside le comité des infractions du Barreau de Montréal. La protection du public étant au cœur de la mission du Barreau, ce comité procède à l’étude des plaintes pour exercice illégal de la profession et émet les recommandations appropriées au Conseil quant aux faux avocats qui abusent de gens souvent vulnérables.

Me Chalifour s’implique également dans d’autres comités du Barreau de Montréal. Depuis 2019, il est membre du comité sur l’administration de la justice en matière criminelle et, l’année dernière, il a participé au Salon VISEZ DROIT (cliquez ici pour visionner la discussion avec Me Chalifour sur le rôle du DPCP et du fonctionnement du processus judiciaire en matière criminelle).

Ce n’est pas tout! Au cours de sa carrière, Me Chalifour a aussi donné plusieurs formations et conférences, notamment dans le cadre des Rendez-vous Poursuivant-Défense organisés par le Barreau du Québec : « La Couronne et la défense font partie de l’équilibre qu’est la balance de la justice. Bien qu’ils représentent des intérêts opposés, les avocats, autant en poursuite qu’en défense, ont les mêmes valeurs et militent tous pour une justice équitable, basée sur l’intérêt public. »

Fier de sa profession, Me Chalifour est animé par le désir de la faire rayonner et surtout de bien faire connaitre le rôle de l’avocat. Avant tout chose, dans toutes les sphères de sa vie professionnelle, il veut promouvoir les valeurs d’une justice équitable pour tous.

Le prix Pierre-Fournier est décerné chaque année à une personne qui s’est signalée par sa contribution exceptionnelle au Barreau de Montréal et à ses activités.

Pour voir la liste de ses récipiendaires depuis sa création en 1992, cliquez ici.

Les carrières parallèles de Me Suzanne Taffot

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Me Suzanne Taffot est née en Espagne, a grandi au Cameroun, a fait des études en France et a été juriste d’entreprise dans une grande société française avant de s’établir au Québec. Membre du Barreau depuis 2014, elle pratique aujourd’hui en droit de l’immigration et a même fondé son propre cabinet. Mais, ce n’est pas tout. Me Taffot est aussi une chanteuse lyrique que la critique considère comme une « voix à suivre ».

Un parcours académique et professionnel inspirant

On peut dire sans hésitation que le parcours académique et professionnel de Me Taffot n’est pas banal. En 2006, elle termine un baccalauréat axé sur le droit des affaires à Dschang, au Cameroun, avant de poursuivre des études en France où elle obtient deux maîtrises : une en droit des affaires comparé et l’autre en droit approfondi de l’entreprise. Elle travaille ensuite comme conseillère juridique pour Lafuma, une entreprise de fabrication d’équipement de sport.

À son arrivée au Québec en novembre 2010, elle retourne aux études à la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal afin de compléter certains cours et, ainsi, pouvoir exercer le droit. Après l’École du Barreau, elle effectue son stage au sein du cabinet Waïce Ferdoussi où elle pratique en droit de l’immigration jusqu’en 2016, avant de se joindre à une société nominale : « J’ai décidé de me lancer à mon compte pour concilier la pratique du droit avec ma passion pour le chant, car je commençais à avoir de petits contrats qui m’amenaient à voyager. À ce moment-là, j’avais extrêmement peur de dire que j’étais avocate et chanteuse d’opéra. Je craignais qu’on ne me prenne pas au sérieux, autant dans le milieu juridique que dans le milieu artistique. »

En 2019, Me Taffot fonde Heritt Avocats, un cabinet qui réunit l’expertise d’associées et d’avocates afrodescendantes ou sensibles à la question de la représentativité dans le monde juridique. La naissance de son cabinet coïncide avec celle de son deuxième enfant, mais aussi avec la mort médiatisée de George Floyd : « Je me suis alors dit qu’il fallait que je montre quelque chose à mon fils, que je laisse quelque chose à mes enfants. J’ai fondé mon propre cabinet pour donner aux jeunes issus de la diversité des modèles pour qu’ils soient capables de se projeter et de rêver. »

Me Taffot souhaite ardemment que les avocats montréalais continuent d’être sensibles à la représentativité et à l’équité afin que tous aient leur chance. Pour elle, l’équité ne doit pas être perçue comme un privilège qu’on accorde aux personnes issues des minorités, mais plutôt comme le moyen de réparer les préjudices et les injustices provenant d’un système.

Le chant lyrique : une vocation

La vocation musicale de Me Taffot est tardive. À 20 ans, elle commence à chanter au sein d’une chorale universitaire au Cameroun. Lors de ses études en France, elle suit des cours de chant par plaisir afin d’apprendre davantage la technique. Au Québec, après avoir été convaincue par son professeur, elle tente sa chance à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Elle passe une audition et est acceptée au programme de baccalauréat : « Pour moi, c’est un exemple concret d’équité dans les arts. Les membres du jury ont compris que mon parcours n’était pas traditionnel, que je ne répondais pas aux standards, mais ils m’ont donné ma chance ». En 2014, elle complète un diplôme de premier cycle en musique, le tout pendant qu’elle poursuit ses études en droit à l’Université de Montréal et à l’École du Barreau. Elle obtient par la suite une maîtrise en chant-opéra en 2017.

Cette soprano est reconnue pour son timbre unique et riche, de même que pour sa présence sur scène et l’authenticité de ses interprétations. Lauréate de plusieurs concours internationaux, elle fait ses débuts en octobre 2021 comme soliste à la Maison Symphonique de Montréal, sous la direction de Maestro Yannick Nézet-Séguin, avec l’Orchestre Métropolitain de Montréal dans le Requiem de Fauré et le Chariot Jubilee de Nataniel Det. Elle a tout récemment complété l’enregistrement d’un premier album qui sera consacré aux airs et aux mélodies de compositeurs noirs ou sensibles à la question de la diversité dans les arts. Ce dernier sera lancé en février 2022.

Cet hiver, elle participera aussi à l’enregistrement de l’opéra La Flambeau avec l’Orchestre Classique de Montréal, dirigé par Maestro Boris Brott, en plus d’interpréter le rôle de Micaela dans l’opéra Carmen de Bizet. Cet été, on pourra l’entendre dans le Requiem de Brahms, sous la direction de Yannick Nézet-Seguin, ainsi que lors de la première mondiale de l’opéra Yourcenar – Une île de passions, coproduit par le Festival d’opéra de Québec et l’Opéra de Montréal, et ce, dans le rôle de « la chanteuse d’Opéra ».

Me Taffot concilie deux carrières de front et trouve son équilibre entre sa passion pour le chant et son amour pour le droit. Mais, avant tout, elle désire laisser son empreinte et marquer les générations futures.

Pour écouter la voix exceptionnelle de Me Taffot, rendez-vous sur son site Internet en cliquant ici. Elle vous invite également à découvrir le Chœur du Barreau du Grand Montréal (anciennement le Chœur du Barreau de Laval), dont vous pouvez suivre les activités en consultant leur page Facebook.

This site is registered on wpml.org as a development site.