Me Aminata Ba : changer des vies

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Me Aminata Ba pratique en droit de l’immigration dans un cabinet qu’elle a fondé avec son associée il y a cinq ans, seulement quelques mois après son assermentation. Très impliquée au sein de sa communauté et de sa profession, cette jeune avocate débordante d’ambition veut faire la différence et avoir un impact positif dans la vie de ses clients. Surtout, elle souhaite que l’on connaisse davantage le droit de l’immigration, qui demeure méconnu, mais qui permet bien souvent d’aider des gens à refaire leur vie.

Me Ba est née au Sénégal où elle vit jusqu’à l’âge de 9 ans. Elle grandit dans un milieu juridique, son père étant avocat. Elle se rappelle qu’avec sa mère, elle allait souvent le reconduire au palais de justice de Dakar. À 10 ans, elle commence un nouveau chapitre de sa vie. Son père est en mission diplomatique au Canada, et toute la famille déménage à Ottawa.

Lorsque son père termine son mandat, plusieurs années plus tard, Me Ba, qui a complété ses études secondaires, décide de ne pas retourner avec sa famille au Sénégal, mais plutôt de venir s’établir à Montréal, un peu pour découvrir un nouvel environnement. Elle fait son baccalauréat en droit à l’Université de Montréal, comme étudiante étrangère. Elle commence alors le processus d’immigration et se frotte aux mêmes réalités que vivent ses clients aujourd’hui, du permis d’étude au permis de travail et de la demande de résidence permanente à la demande de citoyenneté. Son cheminement et ses expériences l’inspirent donc pour sa future carrière.

Après ses études en droit, l’école du Barreau, quelques années à l’emploi d’une institution financière et un congé de maternité, elle fait son stage chez Archambault Adel s.n.d. Elle pratique notamment en droit de l’immobilier et a un coup de cœur pour le droit des affaires. Quelques mois après la fin de son stage, elle décide de se lancer à son compte et fonde DTB Avocats.

Sa pratique est principalement orientée vers le droit de l’immigration. « Le droit de l’immigration n’est pas très connu. C’est pourtant une vraie pratique. Les enjeux sont si importants pour nos clients. On les aide à recommencer leur vie, à fuir souvent des dangers auxquels ils faisaient face. On contribue à créer des citoyens actifs qui participent au développement économique de notre pays. »

Me Ba souhaite qu’on parle davantage du travail des avocats en immigration et de leur importance, d’autant plus qu’il y a beaucoup de personnes mal attentionnées qui usurpent l’identité de vrais avocats pour exploiter des clients souvent vulnérables. La population doit être sensibilisé à cette réalité choquante. Me Ba salue les initiatives du Barreau de Montréal, notamment la campagne Méfiez-vous visant la pratique illégale en droit de l’immigration.

Depuis quelques années, Me Ba s’implique au sein du Barreau de Montréal et est membre du Comité sur les formations depuis 2021 (autrefois connu comme le Comité rayonnement international et le Comité des avocats d’affaires et des relations internationales). Elle est aussi membre du comité Formation du Jeune Barreau de Montréal. « Mon objectif cette année était d’apporter le droit de l’immigration au Jeune Barreau de Montréal. On a participé cet automne à l’organisation d’une première formation en droit de l’immigration qui a connu un vif succès. »

Me Ba est également membre de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration (Aqaadi). « En plus d’offrir des formations à ses membres, cette association offre une plate-forme pour s’échanger de l’information, qui permet de poser des questions à nos confrères et consœurs et même de se référer des dossiers. Il y a beaucoup d’entraide et de collaboration entre les avocats en droit de l’immigration. »

Et ce n’est pas tout. Me Ba fait aussi beaucoup de bénévolat, souvent pour sensibiliser les gens à différentes réalités. Elle donne des formations et conférences auprès du BCRC (Black Community Resource Centre) et de On Our Own (O3), un organisme à but non lucratif situé dans Notre-Dame-de-Grâce qui supporte des mères en situation de vulnérabilité.

Fière maman de deux garçons, âgés de 4 ans et 8 ans, Me Ba veut continuer à en faire toujours plus. Elle souhaite s’impliquer encore davantage au sein de sa communauté et pouvoir faire de réels changements.

En faisant revivre la chronique Figure de Maître, créée sous le bâtonnat de Me Lynne Kassie en 2000, le Barreau de Montréal souhaite mettre en lumière des avocats inspirants, auteurs de réalisations exceptionnelles et qui, à travers leurs actions, contribuent à faire rayonner la justice profession.

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Me Louis-Philippe Roy : prêter sa voix aux plus démunis

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Membre du Barreau depuis 2005, Me Louis-Philippe Roy pratique en droit criminel au bureau d’aide juridique de Montréal. S’efforçant de trouver des alternatives à la judiciarisation d’une clientèle souvent vulnérable, Me Roy est particulièrement sensible aux enjeux de santé mentale et réussit malgré tout à voir un peu de lumière dans toute la détresse humaine qu’il côtoie tous les jours.

Alors qu’il était enfant, Me Roy a vécu quelques années en République dominicaine où il a fait son primaire en espagnol de la 3e à la 5e année. Sa famille travaillait dans le domaine de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme, mais était aussi impliquée auprès d’organismes communautaires. Me Roy se rappelle d’avoir été en mission dans des secteurs isolés et éloignés où les gens vivaient dans une certaine misère et pauvreté. Le contact avec ces réalités a eu un grand impact sur lui et l’a sans aucun doute orienté pour la suite des choses.

De retour au Québec, il entre pensionnaire à l’Académie Laurentienne, une école à vocation sportive située à Val-Morin dans les Laurentides, où il termine son primaire et fait tout son secondaire. Il s’implique activement dans la vie étudiante et devient même président du conseil étudiant en secondaire V. Ses implications lui permettent de faire de belles rencontres qui l’ont inspiré, notamment un de ses professeurs et directeur, Claude Cousineau, qui est devenu par la suite député à l’Assemblée nationale du Québec pendant près de 20 ans.

Pendant ses études en droit à l’Université de Montréal, Me Roy développe un intérêt marqué pour le droit criminel, notamment grâce au professeur Hugues Parent et ses enseignements sur les moyens de défense, la responsabilité pénale et les troubles mentaux. Me Roy veut plaider rapidement et aller à la Cour souvent. Il applique pour un stage au Centre communautaire juridique de Montréal au Bureau Maisonneuve-Mercier. Pendant six mois, il pratique en droit de la famille, plaide devant la Régie du logement (aujourd’hui le TAL), en plus de faire des dossiers de garde en établissement. Cette clientèle l’intéresse particulièrement, voyant des défis de taille où il faut souvent faire preuve de psychologie.

Après son stage, Me Roy fait le saut dans le domaine du droit criminel. Pendant ses premières années, il touche un peu à tout, de la garde téléphonique à une pratique à la Cour du Québec, à la Cour municipale de Montréal au tribunal de la jeunesse et même à la division des Appels-assises du Bureau d’aide juridique de Montréal. Depuis 2009, il a une pratique à volume à la Cour du Québec et dessert souvent une clientèle aux prises avec des problématiques de consommation et/ou de santé mentale. Il a agi dans des dossiers d’envergure, parfois extrêmement difficiles, dans lesquels souvent il y avait un enjeu de santé mentale. À titre d’exemple, en 2014, Me Roy représente une jeune mère souffrant de dépression post-partum aux prises d’hallucinations auditives et visuelles, accusée du meurtre de son bébé de deux mois et qui a été reconnue non-criminellement responsable après que plusieurs experts se sont prononcés dans ce sens.

En plus d’avoir été membre du conseil d’administration de l’Association des avocats de la défense de Montréal-Laval-Longueuil de 2016 à 2019, Me Roy dispense de la formation aux avocates et avocats et est invité à titre de conférencier, ayant acquis au fil des années une solide expérience en matière de justice et de santé mentale. Il siège notamment à la Table de concertation montréalaise en justice et santé mentale et est membre du comité directeur du programme Trajectoire Justice Santé Mentale (TJSM) de la Cour du Québec, à Montréal. Ce programme d’accompagnement permet aux individus présentant des problématiques de santé mentale qui doivent répondre à des accusations criminelles de bénéficier d’un plan d’intervention et d’un suivi adapté à leur problématique avec l’aide d’un intervenant pivot, plutôt que d’arriver à la fin du processus judiciaire avec un antécédent judiciaire et/ou une peine d’emprisonnement. L’objectif est de mettre fin au phénomène des portes tournantes en arrimant le client aux soins de santé et services sociaux ainsi qu’aux organismes communautaires. Me Roy veut surtout pratiquer une justice où l’on trouve des solutions durables et où l’on ne fixe pas seulement des dates d’audition.

Avant toute chose, Me Roy est heureux et fier d’être un avocat de l’aide juridique, une équipe de juristes chevronnés qui dessert en grande partie une clientèle démunie : « Nous sommes une famille qui se soutient au quotidien. Nous avons développé au fil des ans une expertise unique en matière de criminalité désorganisée. Nous voulons servir, accompagner, rassurer nos clients tout au long du processus judiciaire, tout en s’assurant que leurs droits sont respectés. »

Bien que ce ne soit pas tous les jours facile d’être confronté à autant de détresse humaine, Me Roy carbure à l’émotion et réussit aussi à trouver son équilibre auprès de sa conjointe et ses enfants qui pratiquent le hockey et le soccer au niveau élite. Et malgré tout, il aime être dans le feu de l’action et prêter sa voix à celles de personnes souvent vulnérables.

En faisant revivre la chronique Figure de Maître, créée sous le bâtonnat de Me Lynne Kassie en 2000, le Barreau de Montréal souhaite mettre en lumière des avocats inspirants, auteurs de réalisations exceptionnelles et qui, à travers leurs actions, contribuent à faire rayonner la justice.

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Me Louis Bouthillier : au service de la justice

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Le 5 septembre prochain, lors de la cérémonie de la Rentrée judiciaire (cliquez ici pour vous procurer vos billets), la médaille du Barreau de Montréal sera remise à Me Louis Bouthillier qui, depuis son assermentation en 1986, est procureur de la Couronne au bureau de Montréal. Depuis plus de 25 ans, Me Bouthillier agit dans des procès devant jury, essentiellement des dossiers de meurtre. Rares sont les avocats qui font exclusivement des procès d’assises qui ont eu une carrière aussi longue que la sienne.

Dès qu’il a commencé ses études en droit à l’Université de Montréal, Me Bouthillier a su qu’il voulait pratiquer en droit criminel, notamment parce qu’il trouvait les causes intéressantes au niveau factuel. Il aurait aimé commencer sa carrière comme avocat de la défense au sein d’un bureau d’aide juridique, mais a plutôt fait son stage à la Couronne où il a tout de suite été lancé dans l’action : « Le monde juridique criminel a beaucoup évolué depuis 40 ans. Aussi, les procès sont devenus plus longs, plus complexes. On a toujours l’arrêt Jordan à l’esprit, à chaque décision que l’on prend. Avant, je travaillais beaucoup en solitaire. Depuis 5 ans, le DPCP privilégie la présence de deux avocats pour les dossiers de meurtre, de telle sorte que je travaille de plus en plus en équipe avec des collègues plus jeunes. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai toujours le goût de continuer, même après toutes ces années. »

Me Bouthillier a pris part à des procès très médiatisés comme celui de Jocelyn Hotte, cet ancien policier de la GRC qui a été reconnu coupable d’avoir tué sa conjointe, et celui de Luka Rocco Magnotta. Les causes qui l’ont le plus marqué et dont il est plus fier d’avoir mené à terme sont celles qui concernent la maltraitance d’enfants, dont le procès de Stéphanie Meunier, accusée du meurtre du petit Jérémy Bastien-Perron.

Les procès devant jury sont des causes difficiles où les faits sont souvent choquants et où les accusés font face à des peines sévères. « La meilleure cause sur papier n’est pas toujours la plus facile. Règle générale, l’issue d’un dossier dépend avant tout des témoins et de la qualité de preuve : ce n’est pas souvent l’avocat qui fait la différence. » Me Bouthillier aime les interactions qu’il peut avoir avec le jury. « Mon moment préféré est le début et la fin d’un procès où l’on s’adresse directement au jury. C’est difficile, car on ne peut pas échanger directement avec les jurés. Toutefois, il y a des indices qu’on peut rechercher dans leurs regards, leurs expressions. On est avant tout là pour les aider à rendre justice et surtout pour les rassurer. »

Me Bouthillier trouve que son parcours est assez linéaire et classique. Toutefois, malgré ses responsabilités professionnelles, il est également un musicien d’orchestre accompli. Jouant du violon depuis qu’il a 4 ans, il a étudié au Conservatoire de musique de Montréal (qui se retrouvait à l’époque dans l’édifice où siège actuellement la Cour d’appel du Québec à Montréal). Après ses études en musique, il s’est joint, en 1985, à titre de premier violon, à l’Orchestre symphonique de Laval qui venait de voir le jour.

Me Bouthillier joue toujours pour l’OSL, même si, lors de certaines saisons, des procès l’empêchent de participer à tous les concerts de la programmation. Bien qu’il ait été tiraillé pendant plusieurs années entre le droit et la musique, il a eu un parcours de vie qui lui a permis de mener de front les deux carrières et a réussi à atteindre un certain équilibre entre ces deux univers qui ont quand même quelques points en commun : « En droit comme en musique, il faut beaucoup de préparation. Il est nécessaire d’avoir étudié sa partition avant la première répétition, comme il est crucial de travailler son dossier et bien préparer ses témoins avant de se présenter à la Cour. Qu’on le veuille ou non, ces deux carrières sont aussi stressantes. Dans un procès, le stress augmente lors des moments forts, notamment quand l’accusé témoigne : c’est là que tu as l’impression que tu peux faire la différence. »

Ayant le sentiment du devoir accompli, Me Bouthillier adore toujours autant sa carrière d’avocat et n’a pas le goût d’arrêter. Il se trouve chanceux d’avoir trouvé une profession qui le rend heureux de venir travailler au palais de justice jour après jour.

Chaque année, la médaille du Barreau de Montréal est remise à des personnes qui se sont démarquées par leur contribution pour la cause de la justice. Pour connaître les récipiendaires des années antérieures, cliquez ici.

En faisant revivre la chronique Figure de Maître, créée sous le bâtonnat de Me Lynne Kassie en 2000, le Barreau de Montréal souhaite mettre en lumière des avocats inspirants, auteurs de réalisations exceptionnelles et qui, à travers leurs actions, contribuent à faire rayonner la justice.

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Mot de la bâtonnière – Me Caroline Larouche

Chères consœurs,
Chers confrères,

Cela fait maintenant plus d’un mois que j’ai le privilège d’occuper les fonctions de bâtonnière de Montréal. Je tiens à réitérer ma sincère gratitude et reconnaissance envers la confiance que vous m’accordez. Étant fièrement la toute première procureure de la couronne à assumer ce rôle dans l’histoire de la section, j’ai choisi de dédier mon mandat au service de la justice. C’est en effet ce thème qui guidera mes actions et celles de la permanence pour la prochaine année.

En cette année historique, celle de nos 175 ans, je suis particulièrement inspirée par l’héritage que nous ont laissé nos prédécesseurs. Notre histoire, elle est riche. Que ce soit par les luttes menées, les défis relevés, les juristes d’exception ayant occupé les fonctions de bâtonnier ou encore par le dévouement perpétuel de nos membres, nous pouvons tous être fiers d’œuvrer à Montréal. À titre de membre de la communauté juridique, nos actions et notre engagement définiront l’histoire de demain.  

Pour moi, agir au service de la justice se définit surtout par le fait de placer les justiciables et les différents intervenants du système au cœur de mes actions. Alors que la confiance du public envers nos institutions et l’administration de la justice est plus fragile que jamais, il est de notre devoir collectif de déployer tous les efforts pour la protéger.

C’est avec ce souci que j’entends poursuivre le travail accompli par le bâtonnier Ettedgui, mais aussi déployer de nouvelles initiatives pour le meilleur intérêt de la justice. Plus précisément, je me permets de vous présenter les enjeux et les projets centraux de mon bâtonnat.

Premièrement, la pratique illégale. Nous poursuivrons définitivement le travail de sensibilisation en droit de l’immigration auprès des communautés plus vulnérables. Animée par un fort désir d’aller encore plus à la rencontre du justiciable et démocratiser le système de justice et ses services, je veillerai, avec la grande collaboration de la permanence, au déploiement de la nouvelle mouture du Salon VISEZ DROIT. Je tiens également à valoriser le travail des avocats et des intervenants de première ligne de la communauté juridique, qui se dévouent quotidiennement pour les justiciables. Finalement, j’ai à cœur de poursuivre la mise à l’avant des célébrations entourant le 175e anniversaire de la section. Alors que nous avons tenu trois journées de festivités il y a quelques semaines, je vous invite à rester à l’affût alors que d’autres surprises vous seront dévoilées prochainement.

D’autres dossiers s’ajouteront assurément à ces grands chantiers en cours de route, dont la finalisation des travaux en matière de gouvernance et le début de l’élaboration de notre nouvelle planification stratégique.

En terminant, je nous encourage à être conscient de notre rôle, à être engagés dans notre communauté et d’agir, tous ensemble, au service de la justice.

Sincèrement,

Caroline Larouche

Bâtonnière de Montréal

Me Esther Sterling : les relations humaines avant tout

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Avocate à la DPJ depuis son assermentation en 2020, Me Esther Sterling a été intervenante au Centre jeunesse de Montréal avant d’entamer sa carrière en droit, vouant ainsi toute sa vie professionnelle à la protection de la jeunesse. En devenant avocate, Me Sterling a su réaliser un rêve d’enfance et répondre à toutes ses aspirations, et ce, dans un souci d’entrer en relations avec les autres.

Alors qu’elle est adolescente, Me Sterling et sa famille quittent le Québec pour la Floride où elle continue ses études secondaires. Inspirée par des séries télévisées comme Law and Order et les romans de John Grisham qu’elle a presque tous lus, Me Sterling a toujours voulu devenir avocate. Pour y parvenir, elle commence par compléter un baccalauréat en criminologie à la Florida State University, mais après des démarches infructueuses pour continuer des études en droit aux États-Unis, elle décide de revenir au Québec.

De retour à Montréal, elle fait reconnaître ses études en criminologie et décroche un emploi chez Garda, avant de tomber dans l’univers de la protection de la jeunesse en devenant intervenante sociale au Centre La Traversée, un foyer de groupe contractuel en plein cœur du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Elle y accompagne alors les jeunes de la DPJ au quotidien et les soutient dans tous les aspects de la vie courante.

Quelques années plus tard, elle rejoint le Centre Jeunesse de Montréal où elle occupe tout d’abord un poste d’éducatrice, puis d’agente de relations humaines, ce qui lui permet de travailler davantage avec les familles et les organismes communautaires. Un peu sur un coup de tête, avec le désir d’en faire toujours plus, elle complète une maîtrise en administration publique à l’ENAP. Par la suite, elle devient conseillère cadre au service des ressources humaines où elle supervise les employés qui sont sur la liste de rappel toujours au Centre Jeunesse de Montréal.

En 2015, voyant l’avenir d’un œil incertain avec la réforme Barrette qui prévoit l’abolition de plusieurs postes de cadre dans le réseau de la santé et des services sociaux, elle réalise son rêve et commence des études en droit à l’UQAM. Pendant ses études, elle travaille toujours dans l’établissement du Centre Jeunesse de Montréal du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et encadre des éducateurs au centre de réadaptation du Mont Saint-Antoine où elle avait travaillé comme éducatrice : « Cette période a été un véritable tourbillon où je conciliais des études à temps plein, un travail à temps plein et ma vie de famille. J’ai été beaucoup inspirée par ma mère qui arrivait toujours à atteindre ses objectifs et que rien n’arrêtait. »

Après ses études en droit, elle fait son stage à la DPJ à Montréal, où elle est rattachée aux Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw qui desservent une clientèle majoritairement anglophone. Aujourd’hui, elle travaille toujours au sein de cet établissement et a été nommée dernièrement coordonnatrice au sein de son équipe : « La relation d’aide est mon créneau. J’aime regarder les gens évoluer et voir qu’il y a toujours espoir. Dans mon rôle d’avocate, je peux avoir un impact positif. Avant tout, j’aime le contact humain. Je crois qu’on est toujours plus fort ensemble, que si on prend les décisions d’un commun accord, on a plus de chances d’aller plus loin qu’on pensait au départ. »

Le droit a en quelque sorte permis à Me Sterling de développer une nouvelle vision en matière de la protection de la jeunesse. « Je crois en l’importance de favoriser le dialogue et la discussion entre les différentes parties et de concilier les positions dans le meilleur intérêt de l’enfant. Le système contradictoire n’est pas toujours la solution pour arriver à la meilleure décision pour l’enfant. Il y a une dimension humaine en matière de protection sociale et il ne faut pas voir les choses seulement de façon légale. »

Me Sterling aime sa pratique d’avocate qui lui permet de garder un lien avec son bagage professionnel. Emplie d’un sentiment d’accomplissement, elle se voit encore de nombreuses années à la DPJ à aider les autres et à croire en l’importance des relations humaines.

En faisant revivre la chronique Figure de Maître, créée sous le bâtonnat de Me Lynne Kassie en 2000, le Barreau de Montréal souhaite mettre en lumière des avocats inspirants, auteurs de réalisations exceptionnelles et qui, à travers leurs actions, contribuent à faire rayonner la justice profession.

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Me Nathalie Guertin : une force tranquille au service de la protection du public

Par l’équipe des communications

Le 8 mai dernier, lors de son Assemblée générale annuelle, le Barreau de Montréal a remis le tout premier Prix d’excellence du bâtonnier à Me Nathalie Guertin, directrice des affaires juridiques de la section, afin de souligner son engagement et son travail envers la protection du public et l’accès à la justice dans le district judiciaire de Montréal.

Pratiquant le droit depuis près de 30 ans, Me Guertin se démarque par son dévouement à la cause de la justice, principalement en matière de pratique illégale de la profession.

Un parcours académique varié ayant un dénominateur commun : aider les citoyens du monde

Contrairement à plusieurs juristes, le parcours universitaire de Me Guertin n’a pas débuté en droit. Il s’amorce plutôt par des études en linguistique et études russes à l’Université de Montréal. C’est quelques mois plus tard, alors intéressée par le droit international, qu’elle intègre la Faculté de droit de cette même institution.

Une fois son baccalauréat et l’École du Barreau complétés, elle effectue un bref détour à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) pour poursuivre des études en communication. Pourquoi? Afin d’explorer différentes options de carrière à l’international, notamment le potentiel d’œuvrer comme journaliste sur le terrain, plus particulièrement en zone de guerre.

Le passage de la cigogne ayant mis sur pause ses nouvelles études, elle décide finalement de compléter son parcours en droit. Ainsi, une fois son stage du Barreau en droit de l’immigration terminé, elle entame sa carrière dans le monde communautaire où elle a particulièrement aimé sentir qu’elle faisait une différence dans la vie de gens se trouvant souvent en situation de vulnérabilité.

Près de 10 ans de pratique plus tard, incluant un passage en cabinet, elle joint les rangs du Barreau de Montréal comme coordonnatrice de comités et est affectée aux dossiers de pratique illégale de la profession sur le territoire montréalais. Elle est aujourd’hui à la tête de la Direction des affaires juridiques où, en plus de veiller à l’encadrement et à la bonne marche de son service, elle traite, avec son équipe, plusieurs dizaines de plaintes en matière d’exercice illégal annuellement.

Au cœur de ce parcours diversifié s’est toujours trouvé le fort désir d’aider les citoyens, et ce, au-delà des frontières géographiques et sociales. C’est ce qui l’anime encore aujourd’hui.

Un savoir encyclopédique, au service d’autrui

Toujours autant passionnée par son métier, c’est surtout la soif d’apprendre qui la stimule. Elle voit chaque journée comme une nouvelle opportunité d’apprentissage. Comme tous ses dossiers sont uniques, elle est constamment appelée à approfondir ses connaissances sur une foule de sujets couvrant différents domaines du droit.

Vous avez une question d’ordre juridique? Elle a très probablement la réponse. Et, si elle ne la détient pas, elle connait très certainement quelqu’un qui la détient et qui la partagera avec elle afin de fournir, en fin de compte, une explication des plus détaillées.

En plus de sa grande rigueur et expertise, l’humilité de Me Guertin est absolument déconcertante. Interrogée sur ce que le Prix d’excellence représentait pour elle, plutôt que d’exposer ses nombreuses réalisations professionnelles, elle a tenu à rendre hommage à ses homologues de la communauté juridique :

« Je connais tellement d’avocats que j’admire pour leurs accomplissements et qui, à mes yeux, méritent pleinement ce prix. Si je suis où je suis aujourd’hui, c’est grâce à tous ces excellents juristes, que j’ai notamment pu côtoyer sur mes comités. C’est parce que j’ai des confrères qui ont été si généreux pour partager leurs connaissances avec moi et s’impliquer auprès du Barreau. Je les en remercie », souligne Me Guertin.

Lorsqu’elle s’est vu décerner ce prix, Me Guertin a aussi eu une pensée pour sa famille, qui l’a toujours supportée. Elle leur en est grandement reconnaissante.

À l’aube de sa 30e année de pratique, Me Guertin entend poursuivre son travail en matière de pratique illégale de la profession, mais souhaite surtout, plus que jamais, redonner à ses collègues en partageant son savoir et son expertise. La protection du public et l’accès à la justice font tout simplement partie de son ADN.

À propos du Prix d’excellence du bâtonnier

Créé en 2024 sous le bâtonnat de Me David Ettedgui, le Prix d’excellence du bâtonnier est remis toutes les années lors de l’Assemblée générale annuelle à un membre de la section qui s’est démarqué depuis le début de sa carrière par son travail et ses engagements envers la protection du public et l’accès à la justice dans le district judiciaire de Montréal.

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Au service de la justice

L’assemblée générale annuelle du Barreau de Montréal s’est tenue le 8 mai 2024 au Palais de Justice. Ce fut l’occasion pour le bâtonnier sortant, Me David Ettedgui, de souligner les réalisations de la dernière année et à la nouvelle bâtonnière, Me Caroline Larouche, de nous faire part de ses projets et objectifs pour le prochain exercice.

Allocution de la bâtonnière du Québec

La bâtonnière Catherine Claveau a salué la collaboration fructueuse entre les barreaux du Québec et de Montréal dans la réalisation de leur mission commune de protection du public. Elle a ensuite félicité le bâtonnier sortant, Me David Ettedgui, pour le succès de la campagne de sensibilisation à la pratique illégale de la profession « Méfiez-vous des faux avocats » et du Balado « Arrêt sur le droit ».

Soulignant que les célébrations entourant le 175e anniversaire sont une magnifique opportunité de renouveler l’engagement envers le public, la bâtonnière du Québec a aussi exprimé sa gratitude envers les participants du Marathon juridique saluant ceux qui ont consacré leur temps à rencontrer les citoyens.

Finalement, elle a énoncé les principales actions entreprises par le Barreau du Québec au cours de la dernière année. Parmi les dossiers stratégiques figurent l’engagement envers le bien-être psychologique des avocats, les travaux sur la sensibilisation et l’encadrement de l’intelligence artificielle dans la pratique, la participation au projet de transformation de la Justice, notamment avec le projet Lexius du ministère de la Justice, ainsi que la mise en place d’une politique de responsabilité sociale et environnementale.

Prix Pierre-Fournier

Le prix Pierre-Fournier a été remis cette année à Me Pierre-Luc Beauchesne afin de souligner sa contribution exceptionnelle au Barreau de Montréal. Me Beauchesne s’est démarqué non seulement par ses accomplissements professionnels, mais également par sa disponibilité, sa rigueur et son implication remarquable au sein de sa section depuis plus d’une décennie. Dans son discours, il a partagé les leçons tirées de son parcours comme journaliste pour le Barreau de Montréal, notamment celles découlant des rencontres enrichissantes avec de nombreux grands juristes qu’il a eu le plaisir d’interviewer dans le cadre de la rédaction des articles Figure de maître. Me Beauchesne a invité les avocats à vivre leurs passions tout en pratiquant le droit et surtout à ne pas hésiter à aller vers les autres et à partager leurs expériences pour créer des liens significatifs.

Prix d’excellence du bâtonnier

C’est avec beaucoup de fierté que Me David Ettedgui a ensuite remis, pour la toute première fois, le Prix d’excellence du bâtonnier à Me Nathalie Guertin, directrice des affaires juridiques du Barreau de Montréal, en reconnaissance de son dévouement exemplaire envers la protection du public et l’accès à la justice dans le district judiciaire de Montréal.

Ayant un parcours académique marqué par une transition de la communication vers le droit, Me Guertin a fait son arrivée au Barreau de Montréal en 2005. Au fil du temps, elle a développé une grande expertise dans la lutte contre la pratique illégale de la profession sur le territoire montréalais. Me Guertin est une juriste qui se distingue par son dévouement, sa rigueur et surtout par sa volonté constante d’apprendre et de transmettre ses connaissances, contribuant à faire évoluer le Barreau de Montréal. Son apport à la protection du public et à l’accès à la justice est inestimable.

Honorée et visiblement émue par cette reconnaissance et par les chaleureux applaudissements de ses pairs, Me Guertin a exprimé sa profonde gratitude. Elle a humblement partagé son parcours au Barreau de Montréal, soulignant la chance d’avoir côtoyé des membres inspirants et généreux de conseils. Ces derniers ayant enrichi son expérience professionnelle et ses connaissances, elle souhaite, à son tour, redonner en partageant son savoir.

Rapport de la trésorière

L’année 2023-2024 s’est catégorisée comme une année de retour à la normale. Les états financiers présentés par la trésorière, Me Alice Popovici, ont révélé une légère augmentation des revenus provenant des cotisations des membres, alors que les dépenses ont retrouvé leur niveau d’avant la pandémie, résultant du retour à la normale des activités, de nouvelles initiatives et de l’expansion des opérations, entraînant un léger déficit de 1 191 $. De plus, l’assemblée a approuvé la résolution du Conseil d’indexer les cotisations 2025-2026 selon l’indice des prix à la consommation de la région de Montréal pour 2023 (5,1 %).

Présentation de la nouvelle politique de gouvernance et des modifications au Règlement général

La nouvelle Politique de gouvernance et les modifications au Règlement général qui ont été adoptées par le Conseil le 26 février dernier ont été présentées lors de l’assemblée par la présidente du comité de gouvernance, Me Caroline Larouche.

Rapport du bâtonnier sortant

Reconnaissant pour cette expérience mémorable, Me David Ettedgui a partagé les défis et les réalisations de son mandat sous le thème « Connecté ».

Parmi les initiatives phares de l’année, Me Ettedgui a souligné le succès retentissant de la campagne contre la pratique illégale de la profession dans le domaine de l’immigration « Méfiez-vous », grâce à la précieuse collaboration de nombreux intervenants, des outils de sensibilisation efficaces et une couverture médiatique nationale. Il a également mis en lumière l’enrichissement de l’offre de formation continue et les partenariats stratégiques établis, dont le Balado « Arrêt sur le droit », fruit d’une collaboration avec le CAIJ et la Cour suprême du Canada. La connexion avec la relève a aussi été renforcée par la création de la Journée des stagiaires. Sur le plan international, l’année a été marquée par la tenue de la Conférence des barreaux des grandes villes du monde, permettant des échanges fructueux avec des représentants des barreaux du monde entier.

Cette tribune lui a aussi été l’occasion de convier l’auditoire à la soirée festive du 175e anniversaire du 30 mai prochain, qui se tiendra au Marché Bonsecours.

Enfin, Me Ettedgui a souligné les nouvelles politiques et procédures mises en place en harmonie avec la planification stratégique, afin de garantir la transparence et la responsabilité de la section.

Fier du travail accompli ensemble et convaincu que le Barreau de Montréal est plus que jamais connecté à sa mission, il quitte ses fonctions avec le sentiment du devoir accompli, invitant les membres à rester connectés et engagés dans la profession.

Proclamation des dirigeants et conseillers élus

Me Patrice Guay, président d’élection, a rappelé les résultats du dernier vote, par lequel ont été élus Me Mathieu Jacques, et Me Marie-France Le Bel, pour un mandat de deux ans comme conseiller, et Me Véronique Collard, comme conseillère pour un mandat d’un an, avant d’annoncer la composition du Conseil 2024-2025.

Première rangée de gauche à droite: Mes Alice Popovici (trésorière), Caroline Larouche (bâtonnière), Valérie Assouline (première conseillère), Joey Suri (secrétaire).

Deuxième rangée de gauche à droite: Mes Tamara Davis (directrice générale), Gabrielle O’Reilly Patry (représentante du Jeune Barreau de Montréal), Harry Dikranian (conseiller), Pascale Vigneau (conseillère), Marie-France Le Bel (conseillère).

Troisième rangée de gauche à droite: Mes Véronique Collard (conseillère), Peter Moraitis (conseiller), Vanessa O’Connell-Chrétien (conseillère), Mathieu Jacques (conseiller).

Absente de la photo: Me Patrycja Nowakowska (conseillère).

Mot de la nouvelle bâtonnière, Me Caroline Larouche

Dans un discours empreint de solennité, Me Caroline Larouche, fraîchement élue bâtonnière de Montréal, a souligné l’histoire riche et variée du Barreau de Montréal, alors que celui-ci s’apprête à célébrer son 175e anniversaire.

Rappelant que le rôle de juriste ne prend son sens réel que lorsqu’il s’inscrit dans l’engagement, la première procureure à la tête de la section a invité les avocats à maintenir la pertinence de la profession juridique envers la communauté montréalaise, dont les citoyens sont la raison d’être.

C’est avec enthousiasme et détermination qu’elle entame son mandat. Guidée par la volonté d’agir Au service de la justice, elle entend placer les justiciables et les différents intervenants du système au cœur de ses actions.

De grands enjeux guideront son mandat, en particulier la lutte contre la pratique illégale de la profession juridique, la démocratisation de l’accès à la justice par le biais d’initiatives comme le Salon VISEZ DROIT, dont la nouvelle mouture sera dévoilée au cours des prochaines semaines, et la valorisation du travail des avocats et intervenants de première ligne de la communauté juridique qui se dévouent quotidiennement pour les justiciables.

Pour conclure, Me Larouche s’est assurée d’inviter à son tour les membres à participer nombreux au cocktail dinatoire le 30 mai prochain afin de célébrer les 175 ans du Barreau de Montréal.

Merci à nos précieux partenaires

Me Pierre-Luc Beauchesne : De l’urgence d’écrire… puis d’agir

Par Alexandre Forest, avocat

« La conscience d’avoir bien agi est une récompense en soi. »
– Sénèque

Le 8 mai prochain, Me Pierre-Luc Beauchesne, président du Comité Relations avec les membres (membre 2013-2016; 2019 – à ce jour), sera le récipiendaire du Prix Pierre-Fournier soulignant sa contribution exceptionnelle au Barreau de Montréal et à ses activités. Pour l’importante communauté d’avocat(e)s impliqué(e)s au sein du Barreau, cette récompense octroyée à Me Beauchesne sera sans surprise, ce membre du Barreau du Québec depuis 2006 n’ayant eu de cesse de s’impliquer au sein des diverses instances de notre profession. Mais qui se cache derrière la plume généreuse et gracieuse de l’auteur de la quasi-totalité des Figures de maître publiées au cours des trois dernières années?

DE L’URGENCE D’ÉCRIRE

C’est au baccalauréat en lettres à l’Université McGill que Me Beauchesne déploie d’abord ses talents littéraires, se spécialisant dans le style particulier de la forme brève. De là, il ne fallait qu’un pas pour qu’il bifurque vers le droit à l’Université de Montréal où le langage concis et précis fait loi. Pour la première fois toutefois, Me Beauchesne doute : « J’étais assez timide et réservé. Je doutais de tout. Je sentais que je n’avais pas une personnalité typique de plaideur qui dégage une confiance inébranlable en ses capacités. » Venant d’un avocat ayant plaidé en décembre dernier devant la Cour suprême du Canada au nom du procureur général du Québec dans la très médiatisée cause du « procès secret » (Société Radio-Canada, et al. c. Sa Majesté le Roi, et al.), ce questionnement a de quoi surprendre en rétrospective!

Stagiaire au sein du service juridique de Bell Canada, Me Beauchesne y fera une rencontre significative en Me Dominic Jaar. Ce dernier remarquera rapidement le talent de Me Beauchesne pour l’écriture et lui suggérera de le mettre au service de l’Association du Jeune Barreau de Montréal. Ainsi, pendant toute sa période d’admissibilité de dix ans, c’est ce que Me Beauchesne fera. Membre du comité organisateur du désormais célèbre colloque Legal.IT, journaliste puis rédacteur en chef au magazine l’ExtraJudiciaire, co-auteur du Guide de démarrage de l’entreprise, administrateur responsable des communications et finalement rédacteur en chef du Blogue du Comité Recherche et Législation (CRL), ce sont des dizaines d’articles et billets que Me Beauchesne rédigea avec brio. Humble, il souligne surtout qu’écrire a toujours été (et est toujours) un plaisir pour lui, jamais un fardeau : « L’écriture a toujours été pour moi un plaisir un peu égoïste qui me permettait de trouver un certain équilibre entre le besoin d’en faire plus professionnellement et celui de prendre du temps juste pour moi. » D’aucuns diraient que le Barreau a grandement profité de cet « égoïsme » de Me Beauchesne.

DE L’URGENCE D’AGIR

Mais il y a bien au-delà des mots dans le parcours de Me Beauchesne.

En effet, de la faiblesse qu’il percevait à ne pas pouvoir dégager la confiance inébranlable typique du plaideur, Me Beauchesne en a fait une force. Après son passage au contentieux de Bell Canada, Me Beauchesne va rapidement se développer une niche dans le pourtant très compétitif marché du droit immobilier ainsi qu’en matière de procédures sans préavis, le poussant à se retrouver plus souvent qu’autrement sous pression devant un tribunal pour convaincre qu’une mesure immédiate est requise. « Je suis à l’aise dans l’urgence. J’y retrouve une sorte de calme et de sérénité » explique Me Beauchesne, « Dans ces moments-là, j’ai le sentiment que ma capacité à rapidement en venir aux faits sans artifice m’avantage, alors que le temps presse. » Il croisera sur sa route des avocats chevronnés comme Me Benoît Larose (à ce moment chez Goyette Larose s.n.) et Me François Viau (toujours chez Gowling WLG) qui lui permettront de développer la confiance qu’il enseigne maintenant aux plus jeunes avocat(e)s du procureur général du Québec où il pratique depuis 2017. Une constante se répétera à travers chacune de ces expériences professionnelles : Me Beauchesne est celui vers qui on se tourne lorsque l’urgence frappe à la porte.

Il fera également passer son implication à un autre niveau en 2019 en se joignant au Conseil du Barreau de Montréal jusqu’en 2021. Le soussigné peut personnellement témoigner de l’apport de Me Beauchesne au sein du Conseil, non seulement par son talent exceptionnel d’auteur (il prendra le titre officieux de « reporter officiel » du Barreau de Montréal, titre qu’il conserve à ce jour), mais également par ses opinions toujours pertinentes quant à la gestion de notre ordre professionnel.

À presque vingt ans d’expérience comme avocat plaideur, qu’est-ce que Me Beauchesne voudrait que l’on retienne de ce portrait? « Nos forces et faiblesses ne nous définissent pas nécessairement. Il nous appartient de nous définir nous-mêmes. Pour moi, l’implication m’a vraiment permis de trouver ma voie et de sentir que j’avais ma place ». Il n’est à point douter que Me Beauchesne aura marqué le Barreau de Montréal à l’encre indélébile… et il ne reste qu’à nous souhaiter que nous soyons encore bien loin de l’épilogue!

Le prix Pierre-Fournier est décerné chaque année à une personne qui s’est signalée par sa contribution exceptionnelle au Barreau de Montréal et à ses activités.

Pour voir la liste de ses récipiendaires depuis sa création en 1992, cliquez ici.

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Le 13 novembre dernier, dans le cadre des Grands entretiens avec le bâtonnier, Me David Ettedgui s’est entretenu avec deux figures marquantes du monde des affaires : Mes Anne-Marie Boucher et Mitch Garber.

En couple depuis l’École du Barreau, Mes Boucher et Garber se sont lancés en affaires, chacun à sa façon et à son rythme. Généreux de leur temps et de leur argent, ils s’investissent aussi depuis des années au sein de plusieurs organismes de bienfaisance.

Me Anne-Marie Boucher : la passion de développer

Membre du Barreau du Québec depuis 1992, Me Boucher est l’une des co-fondatrices de BCF et siège aujourd’hui sur le conseil d’administration de plusieurs entreprises et organismes. Sa carrière est marquée bien sûr par la passion pour les affaires, mais aussi par le besoin de former la relève et de partager ses connaissances.

Avant de faire ses études en droit, Me Boucher a passé une année dans les Forces armées canadiennes et a travaillé aussi un an au Pérou dans un orphelinat. En plus d’avoir été enrichissantes, ces expériences lui ont permis d’améliorer son anglais et son espagnol et de pouvoir devenir monitrice de langues pour payer ses études. Me Boucher a fait son baccalauréat en droit à l’Université de Montréal avant de compléter une maîtrise en fiscalité à l’Université de Sherbrooke. C’est une de ses professeures en fiscalité, Diane Bruneau, qui l’a mise en contact avec Me Guy Lord qui pratiquait en droit fiscal au sein de Clark Woods Rochefort Fortier. C’est dans ce cabinet où Me Boucher a fait son stage en droit et a débuté sa carrière.

Quelques années plus tard, Me Boucher fonde avec des collègues la firme Brouillette Charpentier Fournier, qui deviendra éventuellement BCF. Sa rencontre avec Me Mario Charpentier, qui a été associé directeur de BCF pendant 25 ans, a été déterminante : « Ayant tous les deux le goût des affaires et une bonne tolérance au risque, nous voulions bâtir notre propre entreprise. Notre objectif était de desservir les PME de A à Z, pas juste le volet entreprise, mais aussi le volet personnel, notamment en matière de fiscalité et de planification successorale. »

Chez BCF, elle pratique en droit fiscal jusqu’à son départ pour l’Europe en 2006 où son mari avait accepté un poste. À son retour au Canada, quelques années plus tard, elle continue chez BCF à titre d’avocate-conseil. En 2018, elle participe au lancement de BCF Ventures, un des premiers fonds de capital de risque corporatif lancé par un cabinet d’avocats, dont elle dirige aujourd’hui le comité aviseur. « Au cours des années, j’ai pu développer un bon flair en affaires. J’aime l’entreprenariat, j’aime participer à cet écosystème, et surtout mettre les gens en contact pour construire quelque chose. »

Aujourd’hui, Me Boucher siège sur les conseils d’administration de Carebook technologies et Lynx Air, deux entreprises en développement où tout est à bâtir. Tout comme pour son mari, la philanthropie occupe une place importante dans sa vie. Elle siège notamment sur les conseils d’administration de la Fondation de l’hôpital St. Mary, de Canada Alpin, de la World Widlife Fund, du Weizmann Institute of Science, du Musée McCord et est présentement la présidente de la Fondation communautaire juive de Montréal.

Au fil des ans, Me Boucher a également consacré beaucoup de son temps à l’enseignement. En plus d’avoir été monitrice de langues pendant ses études, elle a enseigné la fiscalité à l’Université de Montréal et à l’Université de Sherbrooke. Elle s’efforce encore aujourd’hui de partager ses connaissances avec la prochaine génération. Avec ses enfants, neveux et certains de leurs amis, elle a lancé dernièrement un fonds de capital de risque, Lalotte Ventures (ce nom s’inspire du mot « croissance » en hébreu) afin de les initier à ce type d’investissements.

Me Boucher reconnaît la chance inouïe d’avoir eu comme mentor Me Mario Charpentier, mais aussi son mari, Mitch Garber, comme partenaire : « Mon mari et moi avons des talents différents, mais ensemble nous sommes complémentaires et nous sommes devenus une véritable force ». Les affaires occupent une place importante dans sa vie familiale et sont devenus un élément rassembleur : « Notre objectif à Mitch et moi est de continuer à intégrer nos enfants, qu’ils prennent le leadership et qu’ils s’investissent dans tous nos projets philanthropiques. Nous voulons que la philanthropie fasse partie de notre ADN familial. »

La tête encore pleine de projets, Me Boucher souhaite continuer à transmettre ses connaissances à la nouvelle génération pour que celle puisse trouver aussi sa place.

Me Mitch Garber : l’homme d’affaires avocat

Membre du Barreau du Québec depuis 1990, Me Mitch Garber s’est lancé en affaires après avoir pratiqué en litige pendant plusieurs années. Au fil des ans, il est devenu une personnalité publique, n’ayant pas la langue dans sa poche et s’impliquant activement dans sa communauté.

Me Garber complète un baccalauréat en relations industrielles à l’Université McGill avant de faire ses études en droit à l’Université d’Ottawa. De 1990 à 1999, il travaille chez Lazarus Charbonneau où sa pratique est très diversifiée : « J’allais au palais de justice presque tous les jours, ce qui m’a permis de développer mes aptitudes pour le débat et surtout de pouvoir penser et réagir rapidement sous pression. Ces leçons que j’ai apprises devant les tribunaux m’ont servi toute la vie ».

En 1999, à 35 ans, il quitte la pratique du droit et démarre avec deux amis SureFire Commerce inc., une entreprise de traitement de paiements en ligne. Pour lui, se lancer en affaires était un risque très calculé et réfléchi. En 2006, il devient le PDG de Party Gaming Plc avant de prendre la tête quelques années plus tard de Caesars Interactive Entertainment, une entreprise de jeux numériques dont il est devenu le premier investisseur privé. Par la suite, il devient aussi le PDG de Caesars Acquisition Company qui détient plusieurs hôtels et casinos à Las Vegas. À quoi doit-il tous ses succès? « Il ne fait pas de doute dans mon esprit que les deux choses qui ont propulsé ma carrière sont d’avoir fait des études en droit et d’être bilingue, même trilingue. J’ai toujours senti qu’on avait un certain respect pour les gens capables de parler plusieurs langues. »

Pour Me Garber, l’élément commun à la pratique du droit et aux affaires est la capacité de résoudre des problèmes : « J’aime beaucoup négocier et surtout comprendre les éléments d’un problème pour arriver à une solution bonne pour tout le monde. L’avocat a aussi une façon unique de lire un document et de penser. C’est ce que j’ai appris en droit et que j’ai su transposer en affaires. »

Un peu provocateur, Me Garber ne craint pas de prendre la parole et compte aujourd’hui plus de 45 000 abonnés sur X. Au cours des années, il a également été commentateur sportif et a participé à l’émission de télévision Dans l’œil du dragon. Aujourd’hui, il continue d’investir dans plusieurs entreprises, en plus de siéger sur le conseil d’administration de certaines. Il est aussi l’un des propriétaires du Kraken de Seattle, une équipe de hockey de la LNH.

Me Garber et son épouse investissent beaucoup de leur temps et argent dans différentes causes. Celle qui lui tient le plus à cœur est Centraide, notamment parce que celle-ci vient en aide à plusieurs organisations montréalaises et québécoises : « On est très chanceux d’habiter à Montréal et on a une qualité de vie extraordinaire. Si on ne s’occupe pas des plus démunis de notre ville, qui va le faire? Tous les avocats ont une responsabilité à cet égard, parce qu’ils ont souvent plus de moyens que d’autres. »

Son attachement à la profession n’est sûrement pas étranger au fait que son épouse est également avocate : « Être tous les deux des avocats nous a permis de trouver des façons d’être en désaccord, de prendre la parole chacun à son tour et de faire preuve de respect pour l’autre. » Malgré ses succès en affaires, la notoriété et les prix qu’il a gagnés, Me Garber est avant tout fier d’être un avocat montréalais et souhaite que ses confrères et consœurs partagent cette même fierté.

Le prix Pierre-Fournier est décerné chaque année à une personne qui s’est signalée par sa contribution exceptionnelle au Barreau de Montréal et à ses activités.

Pour voir la liste de ses récipiendaires depuis sa création en 1992, cliquez ici.

Me Manuel Shacter : Pratiquer le droit pendant plus de 75 ans

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Récipiendaire de la
Médaille du Barreau de Montréal
(2023-2024)

Le 7 septembre prochain, lors de la Cérémonie de la Rentrée judiciaire, Me David Ettedgui remettra la Médaille du Barreau de Montréal à Me Manuel Shacter afin de souligner sa contribution exceptionnelle à la cause de la justice. Ayant pratiqué le droit pendant plus de 75 ans, Me Shacter a eu une carrière exemplaire, toujours au service de sa communauté et de sa profession. Né le 27 novembre 1923, Me Shacter fêtera ses 100 ans cette année.

En pleine Deuxième Guerre mondiale, Me Shacter a terminé un baccalauréat en arts (économie et sciences politiques) à l’Université McGill avant d’y faire ses études en droit. Membre du Barreau du Québec depuis 1947, il a travaillé deux ans à Ottawa pour le ministère de la Justice du Canada avant de fonder avec des collègues son propre cabinet, Mendelsohn Rosentzveig Shacter qui est devenu au fil des ans McMillan et qui compte aujourd’hui près de 300 avocats.

Au cours de sa carrière exceptionnelle, Me Shacter est allé plusieurs fois à la Cour suprême du Canada. Il est spécialement connu pour sa victoire dans l’affaire Brody v. The Queen, 1962 CanLII 80 (SCC), [1962] SCR 681, où la question en litige était de savoir si le roman « Lady Chatterley’s Lover » était obscène. En plus d’avoir agi dans plusieurs dossiers concernant les droits et libertés protégés par les chartes, Me Shacter a également su développer une pratique en droit fiscal et droit corporatif.

Me Shacter a aussi milité pour une représentation juste des avocats de confession juive dans la profession. Il est un des fondateurs de l’Association de droit Lord Reading qui a vu le jour en 1948 et a été son président en 1968-1969 : « Because of the intervention of the Lord Reading Law Society, people in the Barreau became more sensitive to what was going on, and a few years later, we started to see an increased presence of Jewish attorneys in the legal community and in the judiciary. »

Me Shacter s’est aussi impliqué pour son barreau. Bâtonnier de Montréal en 1987-1988, il avait notamment milité en faveur d’une meilleure représentation du Barreau de Montréal au sein du Barreau du Québec. Me Shacter s’est aussi investi au sein de sa communauté, notamment au sein du YM-YWHA de Montréal, du Jewish Vocational Services, du Canadian Council of Christians and Jews et du Congrès juif canadien.

Le sport a occupé une place importante dans la vie de Me Shacter. Pendant ses études à McGill, il a fait partie de l’équipe de basketball, puis de l’équipe de football de l’université. Par la suite, il a été un grand amateur de ski, voyageant en Autriche à chaque année pendant plus de 55 ans.

Alors qu’il était doyen de la faculté de droit de l’Université McGill, l’honorable Nicholas Kasirer a dit de Me Shacter qu’il était un « unsung hero of Canadian Law ». Pour Me Shacter, la Médaille du Barreau de Montréal représente ainsi une belle reconnaissance de tout son travail au cours des nombreuses années où il a pratiqué le droit et où il s’est investi pleinement dans sa communauté. À la lumière d’une vie et d’une carrière si bien remplies, Me Shacter souhaite que ses plus jeunes consœurs et confrères réalisent qu’ils sont bien chanceux de vivre à l’époque où nous sommes et continuent à déployer des efforts afin que les droits humains soient toujours respectés.

La Médaille du Barreau de Montréal est attribuée par le Conseil, après consultation de la Conférence des anciens bâtonniers, à des personnes membres ou non du Barreau, qui se sont signalées par leur contribution à la cause de la justice.

Pour voir la liste de ses récipiendaires depuis sa création en 1986, cliquez ici.