2016-2017

Me Jean-Yves Bernard, Ad. E.

Me Jean-Yves Bernard, Ad.E. : Le grand sage
Par Mélanie Dugré, avocate
(Article diffusé le 30 août 2016)

Ayant côtoyé Me Jean-Yves Bernard pendant plusieurs années et travaillé plus étroitement avec lui entre 2008 et 2012, le bâtonnier Simon Tremblay est particulièrement fier de remettre la Médaille du Barreau de Montréal à cet homme d’exception, admiré et respecté de tous, qui représente avec force et rigueur le Procureur général du Québec depuis près de 40 ans.

C’est en effet le 30 mars dernier que le Conseil du Barreau de Montréal, avec l’appui de la Conférence des anciens bâtonniers, décidait de remettre sa plus haute distinction à ce juriste de renom, en guise de reconnaissance pour sa contribution à la cause de la justice.

Souligner la carrière remarquable de Me Bernard est d’autant plus opportun que 2016 marque l’année des célébrations entourant le 50e anniversaire de fondation du ministère de la Justice du Québec, un événement important auquel Me Bernard a activement participé. Le principal intéressé se souvient en effet de la décision du gouvernement, en 1977, de créer des contentieux pour le représenter devant les tribunaux afin d’assurer une meilleure coordination des dossiers et une plus grande cohérence dans les représentations. Le ministre de la Justice avait alors écrit à tous les avocats pour les inviter à poser leur candidature, invitation à laquelle Me Bernard a répondu positivement, sans se douter qu’il s’agissait du début d’une extraordinaire aventure qui se poursuit encore aujourd’hui.

Me Bernard a été nommé directeur en 1984 puis directeur général associé aux Affaires contentieuses du ministère de la Justice en 1995 et à ce jour, il continue d’agir au nom du Procureur général du Québec devant les tribunaux judiciaires dans les dossiers les plus complexes et les plus importants pour I’État québécois. Travailleur infatigable, il traite avec un enthousiasme indéfectible les questions de droit qui lui sont soumises et il représente avec fidélité et dignité l’État, en faisant preuve d’une rigueur intellectuelle et d’un souci d’excellence professionnelle qui ne se sont jamais démentis au fil des années.

Au cours de sa carrière, Me Bernard a représenté les intérêts du Québec jusqu’à la Cour suprême dans plus d’une quarantaine de dossiers. Chacun de ces dossiers l’ont interpellé, stimulé et permis de se sentir utile. Ainsi, il souligne qu’il lui est impossible d’identifier une affaire qui aurait été plus percutante qu’une autre. Cependant, il reconnaît la portée sociale qu’a eue le récent dossier de l’aide médicale à mourir et il se réjouit des décisions rendues dans les dossiers de la réforme du Sénat et des valeurs mobilières, qui ont reconnu le rôle prépondérant des provinces et les garanties constitutionnelles dont elles bénéficient.

Reculant dans ses souvenirs, Me Bernard se rappelle également avec plaisir les jugements qui ont souligné le rôle du Québec en matière d’éducation, l’amendement constitutionnel relatif aux écoles confessionnelles ainsi que les dossiers de la Charte de la langue française et sa protection. Me Bernard ajoute toutefois que nous aurions tort de croire que seuls les dossiers qui atteignent la Cour d’appel ou la Cour suprême sont dignes d’intérêt. Le droit en lui-même est passionnant et chaque dossier, aussi petit puisse-t-il sembler être, est porteur de questions juridiques fascinantes pour l’avocat soucieux d’être utile.

Rares sont les membres de la profession qui inspirent autant le respect et l’admiration, et ce, même chez leurs plus féroces adversaires. Tant les collègues de Me Bernard que ceux qui ont croisé le fer avec lui le décrivent comme la sommité québécoise en droit public, un homme d’une intelligence vive, d’une grande culture juridique possédant une rare capacité d’écoute ainsi qu’une sensibilité qui lui permettent de s’adapter à des situations délicates et complexes. On dit aussi de lui que tel un grand sage, il est un homme de peu de mots, mais que ceux qu’ils prononcent sont toujours réfléchis, pertinents et percutants. À titre de plaideur, il sait exprimer avec simplicité, profondeur et conviction ses arguments, tout en entretenant des relations cordiales et harmonieuses avec ses collègues, ses adversaires et les membres de la magistrature. Quant au bâtonnier Tremblay, il se souvient de Me Bernard comme d’un collègue et mentor généreux de ses enseignements et de son temps, toujours disponible même si la Cour suprême figurait à son agenda du lendemain.

Me Bernard reste discret et modeste devant cette marque de reconnaissance que représente la Médaille du Barreau de Montréal. D’emblée, il s’empresse de mentionner qu’il considère la recevoir au nom des avocats et avocates du ministère de la Justice qu’il représente. Pour lui, la Médaille souligne la compétence, le dynamisme, le dévouement et la qualité du travail accompli par l’équipe du Procureur général du Québec. Il insiste sur le rôle fondamental que chaque membre de cette équipe joue dans tous les dossiers qu’il a le privilège de plaider devant les tribunaux, et qu’il n’est que la « pointe de l’iceberg » de ce formidable groupe d’avocats.

Me Bernard est d’avis que de multiples changements sociaux sont intervenus au sein de la société québécoise au cours des 40 dernières années, mais que malheureusement, notre Justice peine à se moderniser et à s’ajuster aux besoins des justiciables. Posant un regard vers l’avenir, Me Bernard formule le souhait que les avocats soient plus conscients de l’importance du système de justice dans la vie des citoyens et du rôle qu’ils doivent y jouer pour mériter et garder leur confiance. En ce sens, il estime qu’il est fondamental pour les avocats de devenir des facilitateurs, en étant à l’écoute et en proposant des solutions créatives aux problèmes juridiques.

L’histoire du Procureur général du Québec est indissociable du parcours exceptionnel de Me Jean-Yves Bernard au sein de son contentieux. Ce grand sage incarne avec modération, force et dignité la fonction de représentant du Procureur général du Québec, servant ainsi de modèle à plusieurs générations de juristes qui, souhaitons-le, sauront s’en inspirer.

 

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