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Me France Saint-Denis

L’engagement de Me France Saint-Denis : poser un geste pour la communauté
Par Marjolaine Cantin, avocate

Le regard bleu, ouvert, lumineux et légèrement ironique de mon interlocutrice tranche avec son allure sérieuse et sage. Tout au long de l’entrevue, son attention demeure concentrée sur les questions, ses réponses articulées, réfléchies, précises. On sent chez Me France Saint-Denis une grande rigueur et une profonde empathie, qu’elle met généreusement au service du droit et de la communauté.

Reçue au Barreau en 1992, elle est chargée d’enseignement en recherche et rédaction à la Faculté de Droit de l’Université de Montréal depuis 8 ans. En 1997, elle fonde seule son bureau, et œuvre dans plusieurs champs de pratique, avec cependant une nette prédilection pour le droit commercial. Forte de son expérience en pratique privée, elle vient d’accepter un poste à plein temps à la Commission des valeurs mobilières du Québec.

Son engouement pour l’engagement communautaire, Me Saint-Denis le doit en partie à ses trois années de pratique privée. Les mandats en droit de la famille l’obligent rapidement à devoir faire face à une réalité inconnue des manuels de la Faculté : que faire lorsque des clients semblent aux prises avec la violence conjugale ? Sans vouloir s’insurger dans la vie privée de ses clients, qui trop souvent encore se taisent à ce sujet, elle a tout de même trouvé un moyen de faire connaître les ressources disponibles pour les aider à sortir de cette impasse. Fort ingénieusement, elle glissait les dépliants relatifs à la violence conjugale parmi ceux traitant de pensions alimentaires et de médiation.

Une consœur lui a fait connaître l’Auberge Transition, maison pour femmes et enfants victimes de violence, située à Montréal. Me Saint-Denis est aujourd’hui à la fois membre du conseil d’administration de l’Auberge, membre de son comité de développement et de recrutement et membre ad hoc de son comité des finances. Elle est aussi présidente du comité des affaires légales, entièrement bénévole et mis sur pied à son instigation. “C’est, souligne-t-elle, le seul organisme à but non lucratif qui possède un contentieux de dix avocates!”. Réunies une fois par mois, ces avocates de divers milieux (aide juridique, contentieux, pratique privée) procurent des avis légaux au conseil d’administration de l’Auberge quant au fonctionnement interne de l’organisme, et trouvent des solutions pour aider les résidentes de l’Auberge qui vivent des situations difficiles, comme par exemple, les immigrantes qui n’ont pas encore reçu de statut officiel.

Depuis environ un an, Me Saint-Denis s’implique aussi au Centre de l’Équilibre, une maison de thérapie de longue durée pour alcooliques et toxicomanes. “La clientèle, là-bas, ce sont ceux qui ont tout perdu”. Elle y fait la connaissance de Raphaël, actuel directeur du Centre, et ancien pensionnaire, dont elle parle avec enthousiasme: “Raphaël, c’est une force de la nature, les gens ont confiance en lui. Il est un exemple pour tous ceux qui viennent au Centre!”. Elle a récemment accepté la présidence du conseil d’administration du Centre, avec pour principal défi de trouver des appuis financiers dans la communauté, des dons d’argent, de matériaux et de main-d’œuvre pour rénover de fond en comble la gigantesque maison de Val David, qui accueille cinquante à soixante personnes. Sans ces travaux plus qu’urgents, le Centre devra fermer ses portes. Elle lance un appel à tous!

Mais d’où lui vient donc cette passion pour l’entraide? Me Saint-Denis répond instantanément: “Ce qui est important, ce n’est pas de changer le monde, mais bien de poser une action, de poser un geste, de tenter de faire une différence pour quelqu’un. La réussite c’est d’y parvenir, ne serait-ce que pour une seule personne. Il faut accepter la situation où se trouve un individu sans le juger, car la vie de cette personne est simplement différente de la nôtre. Si notre société est malade, violente, nous en sommes tous un peu responsables.”

Selon Me Saint-Denis, les groupes d’entraide communautaire sont l’avenir d’une société plus humaine, mais ils ont besoin de gens pour les soutenir. “C’est par l’implication, l’action sociale que l’on peut changer des choses, avoir une voix auprès des instances gouvernementales. En s’unissant et en s’organisant, on peut réagir vite, informer la population de coupures injustifiées par exemple, mobiliser l’attention des médias. Très souvent, le gouvernement doit reculer face à une association bien structurée ou à un mouvement social des citoyens.”

La profession juridique est difficile, stressante, parfois ingrate. Le bénévolat donne l’occasion de poser des gestes valorisants. “Les avocats savent écrire, ce sont des gens structurés et organisés. Ils ont la chance de pouvoir mettre ce potentiel au service d’une cause qui les intéresse au sein de leur communauté. M’impliquer ainsi me donne la satisfaction de faire quelque chose d’utile. Les actions sociales sont le prolongement de nos valeurs.”