15 février 2024

Figure de maître – Me Yolande James

Me Yolande James : au service des autres

Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat

Députée, ministre, commentatrice politique, médiatrice, directrice des communications stratégiques au sein d’une société d’État, le parcours professionnel de Me Yolande James est tout sauf linéaire. Même si elle a baigné dans des environnements de travail bien différents, qui s’éloignent d’une pratique plus traditionnelle du droit, Me James a toujours voulu être en communication et en relation avec les autres.

À l’aube de la vingtaine, elle est attachée politique de Russell William, député libéral dans la circonscription de Nelligan. Pendant ces années, elle complète aussi son baccalauréat en droit civil à l’Université de Montréal en 2000 et a sa common law à l’Université Queen’s en 2003. À cette époque, la politique est avant tout une passion et un loisir, une façon de participer à la société, et ne fait pas vraiment partie de ses plans de carrière. Me James s’imagine plutôt travailler comme avocate au sein d’une grande organisation à l’international.

En 2004, elle fait son stage en droit au ministère de la Santé et des Services sociaux où elle a la chance de travailler avec le Comité de législation du Conseil exécutif. Après son stage, elle devient conseillère politique au cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, et participe entre autres aux travaux entourant le projet de loi 56, modifiant la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées. Il ne va sans dire que ces expériences lui ont permis de bien comprendre le processus législatif et le travail des légistes et de mettre en quelque sorte la table pour la suite.

Me James est élue une première fois à l’Assemblée nationale du Québec en 2004. À ce moment, elle n’aspirait pas vraiment à une carrière en politique, mais voulait tout simplement vivre sa passion et le plus d’expériences possible : « Ce que je suis la plus fière de mes années en politique, c’est la façon de travailler avec les gens. J’essayais le plus possible d’arriver à un consensus et de ne pas privilégier avant tout la voie partisane. En fait, j’essayais d’aller chercher le meilleur des gens. » Ministre de l’Immigration et des communautés culturelles de 2007 à 2010 et ministre de la Famille de 2010 à 2012, elle quitte la vie politique en 2014, à la fin de son mandat.

Elle devient par la suite commentatrice politique pour les émissions Club des ex et Mordus de politique diffusées sur les ondes de RDI. Encore une fois, rien n’était vraiment planifié : « J’ai toujours aimé communiquer, vulgariser les choses, bien comprendre un enjeu et tenter de le décortiquer. » Ses années dans les médias lui ont permis de saisir l’importance de bien comprendre son auditoire et surtout l’intérêt du message à communiquer, ce qui l’a aidé dans ses emplois subséquents, notamment à titre de médiatrice. En effet, après avoir suivi en 2017 la formation de l’Université de Sherbrooke en partenariat avec l’Institut de médiation et d’arbitrage du Québec, Me James a réalisé plusieurs mandants de médiation, et ce, pendant ses années dans le monde des communications.

Après un séjour de deux ans à titre de Directrice de la Diversité et de l’inclusion chez Radio-Canada, Me James occupe aujourd’hui le poste de Directrice générale et cheffe des communications stratégiques au sein d’une autre société d’État, le fonds d’investissement PSP, qui gère les actifs de la caisse de retraite des fonctionnaires fédéraux.

En juin 2021, l’Université de Montréal lance la Bourse d’admission Yolande James, destinée à une personne noire nouvellement admise en droit au premier cycle. Cette initiative, visant à rendre le milieu juridique plus inclusif, a profondément ému Me James qui est la première femme noire élue à l’Assemblée nationale du Québec et qui croit sincèrement que tous peuvent aspirer à prendre la place qui leur revient.

Ayant toujours voulu demeurer la plus authentique possible, Me James nous invite à prendre le temps de bien faire les choses et de croire vraiment aux gestes que l’on pose : « Le bonheur est de tracer sa propre voie et de ne pas avoir peur de prendre des chemins atypiques, ce qui ne signifie pas nécessairement qu’il n’y a pas de fil conducteur. Pour moi, le fil conducteur a toujours été de servir le public. »

Le parcours de Me James est un exemple inspirant qu’il n’est pas toujours nécessaire d’avoir un plan de match bien défini et surtout qu’il ne faut pas craindre de vivre pleinement ses propres choix.

En faisant revivre la chronique Figure de Maître, créée sous le bâtonnat de Me Lynne Kassie en 2000, le Barreau de Montréal souhaite mettre en lumière des avocats inspirants, auteurs de réalisations exceptionnelles et qui, à travers leurs actions, contribuent à faire rayonner la justice profession.

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