Remise du Mérite et de la Médaille 2009
REMISE DE LA MÉDAILLE ET DU MÉRITE DU BARREAU DE MONTRÉAL
Des honneurs pour ceux qui rendent la justice accessible au quotidien
Lisa Marie Noël
Le Barreau de Montréal a célébré l’engagement de deux personnes qui ont contribué à ce que l’accessibilité à la justice fasse partie du quotidien des Québécois. Madame Émée Landry du Service de référence a reçu le Mérite et Me Jérôme Choquette, c.r., la Médaille du Barreau de Montréal.
Me Choquette a occupé la fonction de ministre de la Justice du Québec de mai 1970 à juillet 1973. « Par ses diverses réformes, Me Choquette a redessiné le système judiciaire québécois, ce qui le classe parmi les plus grands ministres de la Justice que le Québec ait connu », a déclaré le bâtonnier Nicolas Plourde lors de la remise de la Médaille au palais de justice en septembre.
En effet, Me Choquette a lancé plusieurs chantiers qui ont mené à la création de la Cour des petites créances, de l’Aide juridique et à l’adoption de la Loi sur l’indemnisation des victimes d’actes criminels, de la Loi sur la protection de la jeunesse et de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne.
Si les Québécois qui n’ont plus de travail peuvent compter sur l’assurance-emploi et que ceux qui sont malades ont accès à des soins gratuitement, pourquoi ne pourraient-ils pas avoir l’assurance qu’ils seront en mesure de défendre leurs droits lorsque nécessaire? C’était la dimension sociale du droit que Jérôme Choquette souhaitait intégrer au système de justice québécois. « Je voulais toucher les besoins des classes les plus défavorisées, des personnes les plus vulnérables qui étaient sans voix au chapitre », a indiqué
Me Choquette.
Dans son discours de remerciement, le lauréat a plongé dans ses souvenirs. « Je voudrais aussi parler d’une loi qui m’est chère, une loi pour les enfants. J’ai présenté la première loi pour la protection de la jeunesse qui obligeait les médecins, les infirmières et toute personne connaissant un cas d’enfant victime de mauvais traitements et d’abus de le dénoncer et d’oublier le secret professionnel », a-t-il confié la gorge serrée par l’émotion.
« Lorsque j’ai présenté la Charte des droits et libertés de la personne en 1974 pour adoption à l’Assemblée nationale, je voulais exprimer dans ce document, non seulement législatif mais éducatif, quelles étaient les valeurs fondamentales auxquelles nous croyions, nous comme Québécois de quelque origine que ce soit », rapporte-t-il.
Me Choquette a pratiqué comme avocat à Montréal. Il a été président de l’Association du Jeune Barreau en 1956-1957 et a siégé au Conseil du Barreau de Montréal en 1957-1958. Il a été élu député libéral dans le comté d’Outremont en 1966.
Référer le bon avocat
Émée Landry, responsable du Service de référence, a d’abord été très étonnée d’être désignée comme récipiendaire du
Mérite du Barreau de Montréal. « Je ne savais même pas qu’on pouvait recevoir le Mérite sans être avocat! », a-t-elle lancé en entrevue. C’est pourtant elle que les membres du Conseil ont choisi à l’unanimité. « Il y a 40 ans le Barreau de Montréal créait le Service de référence, dont la mission est de fournir à toute personne qui ne connait pas d’avocats le nom d’un confrère disposé à offrir une consultation initiale de 30 minutes pour 30 $, raconte Me Nicolas Plourde. Depuis le 15 octobre 1984, ce service est géré par une perle rare, Madame Émée Landry. »
À ses débuts, Madame Landry traitait 2500 demandes annuellement par téléphone, par la poste et même en personne. Elle se retrouvait parfois dans son bureau avec des familles entières ou des personnes désoeuvrées vivant dans la rue ayant besoin des services d’un avocat. Elle se souvient du volumineux cardex qu’elle utilisait pour trouver un avocat disponible pour répondre aux demandes. Grâce aux progrès technologiques, elle peut aujourd’hui répondre par téléphone ou par courriel à plus de 12 000 demandes de références par année.
Le bâtonnier Plourde a souligné son professionnalisme, son empathie et sa courtoisie qui ne lui font jamais défaut. « La douleur des uns et la détresse des autres la touchent au plus haut point. Pourtant, malgré la peine que lui inspirent trop souvent les justiciables qui font appel à ses services, elle réussit à s’acquitter de ses fonctions de manière remarquable. Elle quitte le soir venu avec le sourire aux lèvres et le réel sentiment de les avoir aidé » a déclaré Me Plourde.
« Je me sens un peu psychologue, révèle Madame Landry. J’essaie d’être à l’écoute, comme si c’était mon frère ou ma soeur qui était au bout du fil. » Avant d’occuper son poste au Service de référence, Émée Landry a enseigné pendant une dizaine d’années dans une école primaire d’un village du Nouveau-Brunswick. Elle est ensuite déménagée à Montréal où elle est devenue secrétaire juridique. « Je me sens très choyée d’avoir travaillé pour le Barreau de Montréal pendant toutes ces années », a conclu la récipiendaire.