Me Sylvie Grégoire

(In French Only)

Me Sylvie Grégoire : Vivante et inspirante
Par Mélanie Dugré, avocate
(Article diffusé le 28 novembre 2012)

Me Sylvie Grégoire : Vivante et inspirante

En feuilletant son album de finissants il y a quelques années, Sylvie Grégoire a remarqué qu’à la question « Qu’aimerais-tu faire plus tard? », elle avait répondu : « Avocate ».

Une implication de la première heure au sein de la communauté juridique

C’est donc un rêve de jeunesse et l’inspiration d’un oncle avocat qui ont mené Sylvie Grégoire à embrasser la profession d’avocate. Admise au Barreau en 1986, elle a pratiqué quelques années dans un petit cabinet de la région de l’Outaouais avant de revenir à Montréal en 1989, au CN plus précisément, là même où elle avait complété son stage. Elle y est restée neuf années, au sein de l’équipe qui effectuait tout le travail juridique, des questions litigieuses aux mandats corporatifs, pour la région du Québec. À l’époque de la privatisation du CN, Sylvie est affectée à plusieurs projets d’affaires auxquels elle prend goût, suffisamment pour accepter, en 1998, le poste de directrice des services juridiques et administratifs de l’entreprise McKesson Canada, faisant affaires dans le domaine pharmaceutique. Les responsabilités sont énormes et la pression constante. Elle y sera jusqu’en 2006 et travaillera de façon intense, sans relâche et, de son propre aveu, à un rythme fou et effréné.

En parallèle à ses fonctions officielles, la fibre bénévole et sociale de Sylvie vibre déjà et elle est très active au sein de la communauté juridique, dont l’Association du Barreau Canadien (ABC) et ses divers comités, particulièrement celui des Femmes dans la profession puisqu’elle est sensible aux défis et aux obstacles auxquels sont confrontées les avocates. En 2002, elle occupe également le poste de vice-présidente nationale de l’ACCJE, mais la maladie l’oblige subséquemment à décliner la présidence.

L’épreuve du cancer et la réflexion qu’elle provoque

En 2002, le crabe s’en prend à elle, sous la forme d’un cancer du sein agressif. Elle s’absente du travail à peine quatre mois, le temps de subir ses traitements de chimiothérapie. Au moment d’entamer la radiothérapie, elle est de retour au boulot, se promenant entre l’hôpital, sa « bulle de maladie », pour y recevoir ses traitements, et son bureau pour s’attaquer de plein front aux défis, projets et objectifs de son entreprise. Sylvie se heurte alors fréquemment au brutal décalage qui existe désormais entre ce qu’elle vit et ce qu’elle fait.

De retour au boulot depuis quelques années, la vie reprend son rythme effréné. Par contre, une réflexion s’amorce. Le cancer lui ayant ravi son père adoré un an avant son propre diagnostic, Sylvie reste hantée par tous ces rêves qui l’habitent mais dont elle doit taire la voix par manque de temps; elle est animée d’un profond désir d’aider les autres dans un environnement humain et gratifiant et elle aspire à un meilleur équilibre de vie qui lui permettra de passer des moments de qualité avec sa mère et son époux, le juge en chef de la Cour supérieure, François Rolland.

Après près de 20 ans de pratique intensive, Sylvie décide donc d’entamer de nouveaux projets et de réaliser les rêves qu’elle chérit. Elle donne donc sa démission et planifie un changement de carrière. Mais d’abord : trois mois de congé au cours desquels elle doit parcourir l’Inde avec sa mère et son mari. À l’aube du départ, le crabe s’invite toutefois dans ses bagages avec une violente récidive. François et elle partent malgré tout, bien déterminés à faire de ce voyage un périple inoubliable, que Sylvie décrit comme magnifique mais particulièrement émotif.

Réinventer sa vie par l’implication sociale et communautaire

Après une mastectomie et un combat de 18 mois, Sylvie prend alors la résolution de reprendre les choses là où elle les avait laissées avant son départ pour l’Inde et elle décide de réinventer sa vie, avec l’appui inconditionnel de son époux.

La première transformation touche à ses fonctions professionnelles. Elle accepte un poste de chargé de cours à l’université de Montréal, elle enseigne à l’école du Barreau et elle agit comme consultante en développement de formation pour divers clients, dont le principal est le programme de formation continue obligatoire du Barreau.

Sylvie adore le contact avec les jeunes et la candeur et l’ouverture avec lesquelles ils vont vers elle pour des conseils et des confidences. C’est avec joie et générosité qu’elle partage avec eux ses expériences de vie et leur fait profiter du bagage de ses 20 années de pratique du droit.

Sylvie aime tellement donner de son temps et un peu d’elle-même qu’elle agit comme mentor pour plusieurs jeunes avocates qu’elle a rencontrées par la voie du programme de mentorat de l’ABC, dans ses cours ou encore à travers le tout nouveau programme de mentorat du Barreau du Québec, un projet pilote de 18 mois, destiné à améliorer le taux de rétention des femmes dans la profession.

Évidemment, Sylvie ne pouvait réinventer sa vie sans y consacrer une large part à l’implication communautaire, la plus gratifiante et enrichissante, selon elle.

Chaque année depuis neuf ans, elle s’investit dans le Week-end Pharmaprix pour vaincre les cancers féminins, entraînant dans cette marche de 60 km famille, amis et mari, au sein de l’équipe « Les juristes pour la Vie ». Toujours au nom de cette cause, elle offre des lunchs-conférences avec divers conférenciers du milieu médical et des témoignages de survivantes du cancer. Elle a également agi comme coprésidente de l’édition 2012 avec Me Claude Morency. Sylvie signale que les fonds amassés grâce à cet événement sont versés à l’hôpital Général Juif mais l’argent profite à tous, que ce soit à travers le partage des connaissances et l’enseignement liés à la recherche médicale ou encore par le soutien aux patients procuré par le Centre du Bien-Être Lou Adler. Ce centre est ouvert à tous les patients, peu importe l’endroit où ils sont traités, et offre toute une gamme de services gratuits dont du soutien psychologique, des programmes d’exercices physiques, du support nutritionnel et pharmaceutique et de l’art thérapie.

Depuis peu, Sylvie est également membre du conseil d’administration de la Fondation de l’hôpital Général Juif et elle est responsable d’équipe pour le programme d’accompagnement à travers lequel plus de 180 paires ont été formées sous le programme « L’espoir, c’est la vie ». Elle-même accompagne personnellement trois patientes atteintes de cancer, une expérience qui lui apprend à offrir une écoute active et à laisser au vestiaire ses réflexes d’avocate et de résolution de problèmes.

Pour Sylvie, l’implication sociale a toujours été incontournable, avant comme après l’épreuve du cancer. Elle précise que les avocats sont privilégiés par leur éducation, leurs expériences, leur profession et c’est un devoir pour eux de redonner. Pour elle, l’exercice est tout sauf un sacrifice puisque c’est la plus belle façon de recevoir, d’apprendre, de s’enrichir et de se nourrir.

La tête pleine de rêves

Sylvie Grégoire a le regard clair, l’œil rieur, la voix passionnée. Elle parle de son grand projet pour souligner ses 50 ans, en 2013: un voyage de trekking avec l’homme de sa vie au royaume de l’indice national du bonheur, le Bhutan, voisin du Népal.

Elle évoque aussi avec tendresse les précieux moments qu’elle passe avec sa mère de 77 ans, une bénévole accomplie et dévouée qui donne de son temps à la Popote roulante depuis de nombreuses années; un modèle et une source d’inspiration pour Sylvie et la meilleure preuve que la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre.

Enfin, elle entretient l’ardent désir de poursuivre cette implication sociale et communautaire qui la nourrit, l’enrichit et lui permet de se sentir plus vivante que jamais.

Pour appuyer la cause :
« L’espoir, c’est la Vie » (un programme de soutien pour les personnes atteintes de tout type de cancer)