Me Véronique Collard

L’art d’outiller les parents

Par Mélanie Dugré, avocate
(Article diffusé le 27 avril 2021)

Me Véronique Collard recevra, le 5 mai prochain, le Prix Pierre-Fournier, destiné à souligner sa contribution exceptionnelle au Barreau de Montréal. « Je suis touchée et honorée par cette reconnaissance, tout en ayant une pensée pour Pierre Fournier, qui m’a assermentée en 1998 et qui était un bon ami de mon mentor, Me Richard McConomy ». Le Prix Pierre-Fournier est remis à cette spécialiste du droit de la famille moins d’un an après le décès de son mentor. « Me McConomy a été une figure marquante dans ma carrière et c’est grâce à lui que j’ai fait la connaissance de l’équipe du Barreau de Montréal et que j’y ai tissé des liens et découvert le plaisir et le bonheur que pouvait m’apporter l’implication au sein de cette organisation ».

C’est un cours optionnel en droit en cinquième secondaire, à l’ère de l’entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine familial, qui permet à Véronique Collard d’envisager une possible carrière d’avocate. Elle s’inscrit donc à l’Université de Montréal et est admise au Barreau en 1998. Elle complète son stage à la Communauté urbaine de Montréal, où elle travaille principalement dans des dossiers d’accidents du travail. Initialement déterminée à pratiquer en droit des affaires, elle se voit offrir par Me F.S. Liverman, un praticien généraliste et polyvalent pour qui elle avait travaillé comme réceptionniste pendant ses études, la possibilité de s’associer. C’est ainsi que nait le cabinet Liverman Collard au sein duquel Véronique entame une pratique principalement axée en droit de la famille. Par l’entremise de Me Liverman, la route de Véronique Collard croise celle de Me Richard McConomy, qui devient un mentor et une référence pour elle.

En parallèle à sa carrière, Véronique fonde une famille et donne naissance à trois filles, en 2000, 2002 et 2004. La vie roule à fond de train et de son propre aveu, elle prend ses dossiers très à cœur, parfois trop, au point d’avoir envie de relever d’autres défis et de découvrir de nouveaux horizons. Elle choisit donc, avec une amie et partenaire d’affaires, de lancer, en 2006, une entreprise de fabrication de cupcakes, Itsi Bitsi, qui connait rapidement un vif succès. « Ce fut une expérience extrêmement enrichissante, mais entre les mariages, célébrations en tous genres et événements corporatifs d’envergure, j’ai réalisé combien les heures de travail étaient irrégulières et les projets exigeants ».

Au cours de l’incursion de Véronique dans le monde des affaires, Me McConomy ne cesse de veiller sur elle d’un regard paternel. En 2010, il la convainc de s’associer avec lui et de revenir à la pratique du droit de la famille, mais différemment, en proposant de mettre l’accent sur la médiation.

Ancien bâtonnier de Montréal, Me Richard McConomy demeure impliqué au sein de la section et il encourage fortement Véronique à tenter l’expérience. Faisant sien l’adage « l’essayer, c’est l’adopter », Véronique n’a plus jamais quitté le Barreau de Montréal. Certains comités, comme ceux des mandats à portée limitée, de liaison avec la Cour supérieure en matière familiale et des parties non-représentées profitent de sa contribution depuis près d’une décennie alors qu’en 2018, Me Collard s’est également jointe au comité du Salon VISEZ DROIT et à la Table ronde sur la justice participative.

Véronique apprécie la diversité des nombreux comités auxquels elle participe au Barreau de Montréal. Elle souligne que des initiatives comme la Table ronde sur la justice participative, les mandats à portée limitée et le Salon VISEZ DROIT sont axés sur les justiciables, alors qu’un comité comme celui de liaison avec la Cour supérieure en matière familiale lui permet de mieux comprendre les coulisses du système, tout en faisant la promotion de la médiation auprès de la magistrature.

Depuis 2012, Véronique est associée à Me Catherine Eustace. Autonomes, polyvalentes et autodidactes, les deux associées font tout elles-mêmes; de la rédaction des procédures à leur signification, en passant par le boudinage des cahiers d’autorité.

Entre la médiation et le litige, le cœur de Véronique Collard balance. Déterminée à gagner lorsqu’elle doit convaincre la cour et prête à tous les combats, elle a néanmoins développé non seulement une expertise, mais également une affection pour la médiation en étant un témoin privilégié des pas de géants qu’arrivent à franchir les couples séparés qui y ont recours. « Certains avocats perçoivent la médiation comme une menace à la profession. Je crois au contraire qu’elle représente un outil très efficace qui permet aux parties de cheminer et de s’entendre sur les paramètres qui concernent ce qu’ils auront toujours en commun : leurs enfants ».

Vous aurez peut-être compris que les propos de Véronique Collard sont teintés d’une thématique chère à son cœur : l’intérêt des enfants. Pas le mercantile ou celui qui se place bien dans une conversation, mais le vrai et l’authentique, celui qui devrait être la pierre angulaire de toute séparation parentale. On la sent passionnée, investie, animée du désir sincère d’aider ses clients à comprendre les conséquences, surtout psychologiques, de leur séparation sur leurs enfants.

Lorsqu’on lui demande comment se porte le droit de la famille en pandémie, Me Collard raconte en avoir vu et entendu de toutes les couleurs au cours de la dernière année et elle ne peut malheureusement que confirmer la montée de la violence conjugale et psychologique et du désarroi de certains couples et familles. « J’ai vu trop de gens qui auraient dû prendre des chemins différents pour le bien de leur famille, mais que la pandémie a forcés à demeurer ensemble, dans un climat malsain ».

Chose certaine, ces couples en détresse pourront toujours compter sur Me Véronique Collard. Passionnée par sa profession et animée du désir d’aider son prochain, une valeur familiale transmise par ses parents, elle s’intéresse plus que jamais aux couples difficiles aux prises avec des conflits qui perdurent. « Ces mandats sont pour moi de beaux défis. J’ai foi en l’humain et en la capacité des parents, une fois le deuil de la séparation résolu, de se recentrer sur leurs enfants et d’envisager une autre perspective, des attentes plus réalistes et de nouveaux rêves pour leur vie », conclut Me Véronique Collard avec sagesse.

À consulter

Allocutions prononcées lors de la remise du prix

Hommage à Me Véronique Collard
Remerciements de Me Véronique Collard