Me Jean-Sébastien Clément

Me Jean-Sébastien Clément: une harmonie empreinte d’idéal
Par Pierre-Luc Beauchesne, avocat
(Article diffusé le 9 février 2016)

https://www.barreaudemontreal.qc.ca/images/infolettre/FigureMaitre/SOLLOWAY_Ian.jpgLe jour, Me Jean-Sébastien Clément pratique en droit autochtone chez Gowlings. Le soir, il monte souvent sur scène avec sa contrebasse pour jouer des airs de jazz, de blues ou de musique du monde. Avec un parcours hors du commun, ce père de deux filles a ainsi réussi à harmoniser sa carrière en droit avec sa passion pour la musique, tout en s’impliquant également au sein de sa communauté. À cet effet, c’est grâce à la musique que Me Clément a rencontré Me Pascal Paradis, le directeur général d’Avocats sans Frontières Canada, et a commencé à s’impliquer au sein de cette organisation.

Entre droit et musique

La musique a presque toujours été présente dans la vie de Me Clément. Même s’il n’a pas de formation musicale proprement dite, il a suivi des cours ici et là, tout en apprenant beaucoup par lui-même. À l’adolescence, influencé par The Police et son célèbre bassiste Sting, il s’est initié à la basse électrique. Pendant ses études en droit à l’UQAM, il jouait le soir dans les bars des rues St-Denis et St-Laurent avec différents groupes de Blues. Il a même pris une année sabbatique pour se consacrer à la musique avant de faire son stage en droit. Après son assermentation en 1994, Me Clément a pris la décision de mettre la musique en veilleuse pendant quelques années.

Au tournant des années 2000, ayant repris du service avec sa basse électrique au sein de différentes formations, il n’a pas tardé à vouloir explorer de nouvelles voies musicales. L’acquisition d’une première contrebasse l’amène à s’intéresser davantage à la musique jazz et à la musique du monde. Aujourd’hui, Me Clément participe à une cinquantaine d’événements par année et joue dans des groupes aux consonances blues (Off the Hook Blues Band), jazz (En Portée Jazz, Suzi Silva, Bernard Epaud et autres) et musique du monde (Klezmer Valody, domlebo).

Son amour de la musique n’a jamais été un frein à sa carrière juridique. Après six ans de pratique en droit carcéral (notamment auprès de Me Renée Millette), Me Clément a entrepris un changement de direction. Passionné par les droits et libertés, il a été attiré par le droit autochtone et a commencé à travailler en 1997 auprès de Me James O’Reilly (O’Reilly & Associés), un des pionniers au pays en la matière. Par la suite, en 2004, il a joint les rangs du bureau montréalais de Gowlings, où il est devenu associé trois ans plus tard.

Pour Me Clément, la pratique du droit autochtone se doit d’être empreinte d’engagement, d’un certain rôle social : « On doit s’assurer que les pouvoirs qui doivent retourner aux Autochtones retournent aux Autochtones, et ce, dans le cadre du système juridique canadien. Comme la Cour suprême du Canada l’a énoncé dans l’arrêt Beckman, on doit s’engager à protéger et à préserver un espace constitutionnel permettant aux Autochtones d’être des Autochtones. »

Même s’il plaide régulièrement devant les tribunaux, la pratique de Me Clément n’est pas uniquement orientée vers le litige constitutionnel, comme on le pourrait le croire. Me Clément se définit plutôt comme un généraliste pour ses clients autochtones. Il peut tout aussi bien traiter de questions de droit privé pour des sociétés commerciales, que de questions de droit public pour des entités gouvernementales, comme des commissions scolaires ou des corps policiers autochtones. Au-delà de l’engagement, Me Clément a beaucoup de plaisir à côtoyer et travailler avec la communauté crie. Chaque année, sa pratique l’amène également à faire des voyages au nord du Québec comme par exemple dans les communautés d’Oujé-Bougoumou, de Waswanipi et de Nemaska.

Me Clément monte également sur scène pour de bonnes causes. Depuis plusieurs années, en plus de jouer de la contrebasse au spectacle-bénéfice annuel d’Avocats sans Frontières Canada, il agit comme un des directeurs artistiques de l’événement. Son implication auprès d’ASFC n’est d’ailleurs pas seulement musicale puisqu’en juin 2014, il a participé à une mission en Jamaïque où il a animé un atelier en litige stratégique. Qu’est-ce que le litige stratégique? « Ça consiste à choisir et présenter un dossier devant la Cour et, si possible, travailler avec l’État afin de créer de nouvelles orientations, et ainsi, faire évoluer le droit et la société. » Pour Me Clément, ASFC est une organisation solide et crédible, dirigée par des gens sérieux qui luttent pour la protection de l’état de droit, souvent avec des moyens limités : « Il y a des avocats dans d’autres pays qui sont menacés. En plus d’offrir une présence internationale, ASFC donne des outils à ces avocats et à leurs clients afin de faire face à ces situations qui peuvent s’avérer dangereuses et difficiles. » Me Clément nous invite tous au spectacle-bénéfice d’ASFC qui aura lieu le 26 mai 2016 à L’Astral de Montréal.

On a pu voir également Me Clément et sa contrebasse lors d’événements du Barreau de Montréal dont le concert JAZZ des Fêtes, qui a permis de récolter 970 $ au profit de la Fondation Mission Old Brewery, de même que lors d’événements de ProBono Québec et de la Fondation PalliAmi.

Concilier une pratique d’associé en droit autochtone, une carrière musicale et une vie de famille n’est pas toujours de tout repos. Malgré tout, Me Jean-Sébastien Clément dégage une certaine sérénité. Pour lui, ce qui importe dans la vie, c’est de faire ce qui nous plaît tout en laissant les autres faire ce qu’il leur plaît (« Live and let live »). Avec ou sans contrebasse, les pieds bien posés sur terre, Me Clément projette ainsi l’image d’un idéaliste pragmatique.