Me Nathalie Gagnon

(In french only)

Me Nathalie Gagnon: La petite enseignante devenue avocate

Par Mélanie Dugré, avocate

La maîtresse d’école et le droit

« J’ai raté ma vocation; je rêvais d’être enseignante. J’ai toujours gardé mes cahiers scolaires, de la maternelle au collégial, dans le sous-sol chez ma mère, convaincue que leur contenu me servirait dans ma future carrière. À la fin de mes études secondaires, j’ai même eu l’audace de déclarer à la religieuse qui dirigeait le Collège Sainte-Anne de Lachine, où j’ai étudié, que je prendrais éventuellement sa place! », confie d’entrée de jeu Me Nathalie Gagnon, associée chez McCarthy Tétrault et membre de l’équipe de droit du travail et de l’emploi du cabinet.

« Je dois admettre que j’ai un véritable tempérament de maîtresse d’école », avoue candidement Nathalie. Née à Lachine, cette fille unique vit une enfance paisible entourée de nombreux amis, cousins et cousines, qui jouent volontiers le rôle d’élèves – dans « son » école construite dans sa cour ou dans les arbres. Première de classe, Nathalie excelle également dans le sport et obtient son premier emploi comme sauveteur, entraîneur et monitrice de natation. Son attachement pour les enfants qu’elle côtoie est profond et son association avec le Centre récréatif de Lachine Ouest se transforme graduellement alors que dès l’âge de 20 ans, elle devient membre de son conseil d’administration et y siège pendant 13 ans avant d’en assumer la présidence de 2004 à 2007.

Le plongeon de Nathalie dans la marmite de l’implication sociale remonte à sa petite enfance, puisqu’elle est élevée par des parents et gâtée par une marraine pour qui le bénévolat et l’action communautaire représentent non seulement des valeurs familiales fondamentales, mais un mode de vie. Malgré son horaire chargé d’avocat, le père de Nathalie embrasse plusieurs causes, alors que sa mère en fait une véritable profession. Pour Nathalie, le bénévolat représente un geste utile, agréable et valorisant.

Inscrite au cégep en sciences pures et appliquées, le rêve de Nathalie se précise : elle sera professeure de physique. Puis, une conseillère en orientation lui suggère plutôt d’entreprendre une profession libérale et d’entretenir son intérêt pour les enfants dans ses temps libres et par l’entremise de son engagement social. Devant des réponses positives des facultés de droit, de médecine et d’enseignement, elle choisit finalement la voie du droit. Malgré les amitiés qu’elle a tissées, elle révèle avoir détesté son parcours universitaire, une longue route sombre, brièvement éclairée par ses cours de droit de l’enfant et de droit de l’enseignement et par son stage auprès du tribunal de la jeunesse. Au terme de ses études, le droit du travail devient pour elle une option viable. « Je suis convaincue qu’après le droit de la famille, le droit du travail est le domaine le plus social et humain de ma profession, une niche où l’être humain est au centre de la question juridique », explique Nathalie.

22 ans à Sainte-Justine

Au moment où sa carrière juridique prend son envol, le lien entre Nathalie et l’hôpital Sainte-Justine est déjà fort et solide. Sa 18e bougie à peine soufflée, elle cognait à la porte de l’institution pour y offrir ses services comme bénévole. En juin 1991, on confie donc à Nathalie le soin de répondre aux besoins affectifs et récréatifs d’enfants de six à onze ans qui souffrent principalement de fibrose kystique. À cette époque, il existe un noyau de quelques enfants qui sont souvent hospitalisés pour de longues périodes et avec qui Nathalie développe une relation privilégiée, s’attachant particulièrement à deux d’entre eux, aujourd’hui décédés : Aurélie et Gabriel. La peur d’affronter la mort de ses protégés n’a d’ailleurs jamais été un frein à son implication bénévole. « J’ai toujours été consciente que c’était une éventualité, mais ils m’ont toujours surprise par la façon dont ils se projetaient dans le futur, malgré la gravité de leur condition. Quand je pense à leur souffrance, à l’incommensurable effort que chaque respiration exige d’eux, je suis certaine que la mort leur apporte une forme de libération», précise-t-elle.

Sauf en de rares exceptions, Nathalie se pointe à l’hôpital Sainte-Justine tous les dimanches entre 9 h et midi, depuis maintenant 22 ans. En plus de deux décennies, elle a pu constater l’ampleur des changements qui se sont opérés dans l’univers hospitalier. « En 1991, j’arrivais avec mon chariot de jouets dans la salle de jeu et c’était la fête au village! Aujourd’hui, j’entre dans la pièce et ils sont tous absorbés par leurs jeux vidéo portatifs. C’est devenu plus difficile d’entrer en relation avec les six-onze ans, mais en revanche, j’interagis davantage avec des enfants plus jeunes, de deux à cinq ans, ce qui me transporte dans un tout autre univers, rempli de magie et de candeur », explique Nathalie.

La lueur du Phare Enfants et Familles

À l’automne 2011, Nathalie apprend par son journal local que le Phare, un organisme sans but lucratif qui apporte répit et soutien aux familles ayant un enfant dont la vie est menacée par une maladie grave, est à la recherche de bénévoles pour son service de répit à domicile. Interpellée par cette cause, Nathalie fait les démarches nécessaires et en mars 2012, elle est jumelée à la famille d’Angela, une petite Chinoise âgée de deux ans. Le coup de cœur de Nathalie pour la fillette aux yeux bridés et sa famille est immédiat. Les parents n’ont aucun contact ni famille au Québec, mais ils se démènent sans relâche afin de trouver des services et des ressources pour leur fille malade. Tous les samedis, entre 16 h et 18 h, Nathalie se rend chez Angela pour s’amuser avec elle. Elles font de petits jeux simples et répétitifs, qui semblent parfois ennuyants aux yeux de Nathalie, mais qui visiblement, contentent la petite fille. Quant aux parents d’Angela, Nathalie résume ainsi : « Je ne sais pas trop à quel moment c’est arrivé, mais je crois que nous sommes devenus des amis. La cuisine a été un élément très rassembleur pour nous et ils prennent plaisir à me faire découvrir des mets chinois typiques ».

L’engagement de Nathalie envers le Phare se conjugue maintenant en plusieurs temps et sous la forme de divers comités. Elle offre gracieusement ses services juridiques à l’équipe du Phare pour les questions d’emploi, elle participe au Défi Scotia en courant un cinq kilomètres dans l’équipe du Phare et elle est membre du comité Ma fête en cadeau, un projet original par lequel les gens sont invités à donner leur fête en cadeau en demandant à leurs amis et à leur famille de faire un don à l’organisme.

Une vie bien remplie

À défaut d’être devenue enseignante, Nathalie a d’une certaine façon bel et bien pris la place de la directrice du Collège Sainte-Anne, dont elle assume la présidence du conseil d’administration depuis 2007, après près de 10 ans à titre de membre. Puis, question de bouger un peu, elle se distingue dans des tournois mixtes d’ultimate frisbee, une discipline hybride qui rejoint plus de 2500 personnes dans la région de Montréal. Enfin, histoire de s’assurer qu’aucune seconde n’est laissée en suspens, elle a entrepris à l’automne 2012 un certificat en gestion philanthropique, afin de « préparer sa retraite! »

Nathalie Gagnon est une avocate respectée, dont les compétences sont reconnues et saluées. Cela pourrait suffire à plusieurs. Pas à Nathalie, pour qui le bénévolat et l’implication sociale sont inscrits dans ses gènes et représentent un prolongement d’elle-même. « Mon bénévolat, que ce soit à Sainte-Justine ou pour le Phare, me permet d’entretenir des relations humaines senties, réelles et fondamentales, au-delà du papier et des contacts parfois superficiels de mon milieu professionnel. Je m’évade de mon quotidien, j’exploite ma créativité et je me laisse transporter dans l’univers ludique et rempli d’imagination des enfants », conclut-elle. À travers une implication sociale concrète, solide et authentique, cette petite enseignante devenue avocate réussit assurément à offrir à ses petits protégés des moments de joie et à allumer des étincelles de bonheur dans leurs yeux.

Me Gagnon, à travers votre action, c’est toute l’image de la justice que vous rehaussez.

Au nom de tous les membres du Barreau de Montréal, merci!